Les défilés Givenchy - Marie Claire
Manches à volants affriolantes, silhouette cintrée et col affûté : pièce maîtresse du style Givenchy naissant, la blouse Bettina est aussi la première pièce qu’Hubert de Givenchy présente lors de son tout premier défilé en 1952. Il a alors 25 ans et s’apprête à révolutionner les codes de l’élégance contemporaine en offrant aux femmes des vêtements à la sophistication décontractée, à la retenue confortable. Un certain sens du chic en somme, plébiscité par des tenantes du glamour telle qu'Audrey Hepburn et Grace de Monaco, que l’on retrouvera tout au long des présentations et défilés Givenchy, organisés généralement en petit comité jusqu’au retrait de son fondateur, en 1995.
Shows effrontés
Car à l’arrivée de John Galliano, alors jeune couturier en vogue, les défilés Givenchy prennent une autre ampleur. Fortes d’une nouvelle impulsion artistique sous le signe de l’exubérance, ce sont les créations elles-même qui font le show, ressuscitant une maison assoupie. Son premier défilé ? “Une mise en scène enivrante et hautement spiritueuse à base de saynètes baroques toutes en vert, orange, rose chaton d'Orient et parme comme des cocktails chamarrés !” décrit à l’époque Daniel Light dans les colonnes de Libération.
Avec en 1996 l’arrivée d’Alexander McQueen, deuxième directeur artistique au patrimoine britannique, c’est une nouvelle révolution qui secoue la noble maison parisienne. Authentiques performances artistiques, les défilés Givenchy se veulent moins un laboratoire de tendances qu’une réflexion provocante sur le monde qui nous entoure. Étranges, parfois dérangeantes, les scénographies avant-gardistes pensées par le trublion britannique font les grands titres de la presse, redéfinissant les contours d’une maison à l’ADN originellement bourgeoise.
Noblesse contemporaine
Avec Riccardo Tisci, c’est une nouvelle ère stylistique qui s’ouvre. Sous le joug de l’italien tout juste trentenaire, les défilés Givenchy deviennent l’anti-chambre de best-sellers iconiques, comme le it-bag Nightingale, l’imprimé Rottweiler ou le sweat Bambi, mais aussi des tenues de tapis rouge, les célébrités en vogue adoubant ses précieuses créations. En 2010, Tisci remplace les défilés haute couture par des présentations sur mannequins de bois, afin de mettre plus en valeur l’artisanat et le travail d’orfèvre des ateliers. Il ira même jusqu’à ouvrir l’un des shows au public, lors du défilé anniversaire célébré à New York en septembre 2017. Première femme à la tête de la prestigieuse maison nommée en 2017, Clare Waight Keller ne tardera pas à marquer les défilés Givenchy de son empreinte, leur redonnant leurs lettres de noblesse tout en les inscrivant dans une certaine forme de modernité, tant avec la haute-couture qu’elle contribue à relancer qu’avec le prêt-à-porter.