A vélo, sous une pluie glaciale, on se fiche de la planète

19/06/2022 Par acomputer 730 Vues

A vélo, sous une pluie glaciale, on se fiche de la planète

Le joli mois de mai est ce qu’il est. Pas la peine de vous faire un dessin. Les températures enregistrées chaque jour sont inférieures de 5 à 10 degrés aux normales saisonnières. On sait, parce qu’on a bien voulu croire ceux qui l’ont expliqué, que le climat n’est pas la météo et qu’un printemps glacial en Europe de l’ouest n’empêche pas la température moyenne de la planète de monter régulièrement. Sans être scientifique,on se repose sur les études réalisées sur le sujet et sur le consensus qui en émane. Il n’empêche qu’en montant le chauffage dans son appartement, en se cognant à des quidams en doudoune dans le métro ou lorsqu’on ne parvientplus à bouger les doigts agrippés au guidon, il faut faire appel à toute la raison du monde pour ne pas douter.A vélo, sous une pluie glaciale, on se fiche de la planète A vélo, sous une pluie glaciale, on se fiche de la planète

Dans ces conditions, les injonctions visant à privilégier les transports « propres », « verts » ou « responsables » pour « lutter contre le réchauffement climatique » tombent à plat. Ou plutôt à l’eau. Un slogan, du type « Faisons vite, ça chauffe », demeure pourtant le principal argument, voire parfois l’unique, des promoteurs de la voiture électrique, du tramway ou même du vélo. « Soyez citoyens », disent-ils en substance, « montez dans le tram, achetez un véhicule qui n’émet pas de CO2, pédalez ! » Les générations futures, à n’en pas douter, vous remercieront. Ou pas, car elles sont ingrates.

Argument gazeux. Les gaz à effet de serre posent au moins deux problèmes. D’abord, ils présentent un aspect insaisissable, difficile à appréhender, en un mot, gazeux. Changer de comportement pour contrer un changement de climat qu’on ne voit pas venir, même en rêve, ce n’est pas très motivant. L’autre problème avec les gaz à effet de serre est qu’ils réduisent le sujet transport à une affaire d’écologie. Or, n’en déplaise à ceux qui caricaturent les cyclistes en ayatollahs écolos au brocoli entre les dents, on ne choisit pas son moyen de transport en fonction du climat de demain. Moins en tous cas qu’en fonction de la météo du jour.

A vélo, sous une pluie glaciale, on se fiche de la planète

Oublier l’environnement. Si l’omniprésence de la voiture pose problème, ce n’est pas (seulement) à cause du climat. Si l’aménagement des infrastructures selon les besoins des seuls véhicules motorisés menace la société, ce n’est pas (seulement) parce que l’automobile émet des gaz à effet de serre. Parallèlement, si on monte dans un tram, c’est pour arriver à l’heure. Si on choisit le train, c’est pour éviter les bouchons et pouvoir éventuellement y dormir ou y travailler. A vélo, on veut aller vite, pouvoir se garer facilement et entretenir la forme. Qu’on soit écolo ou non. L’organisation des transports relève de la politique, pas de l’environnement. Comment assurer à l’ensemble des voyageurs qu’ils arriveront à destination dans un délai raisonnable ? Que faire pour garantir à chacun un tarif mesuré ? Comment répartir l’espace, rafraîchir la ville, éviter d’enlaidir le paysage ?

Danger, coût, obésité. La voiture individuelle est probablement polluante, que sa propulsion soit électrique (eh oui, voir cet article publié sur le site de TF1) ou thermique, mais elle est surtout encombrante, dangereuse, chère, aussi bien pour son propriétaire que pour la collectivité et donc le contribuable. Passer des heures assis dans une voiture, surtout si l’on peut se déplacer autrement, ce n’est pas très sain. La corrélation entre motorisation et obésité a été prouvée.

Ça commence à bien faire. Et puis, se concentrer sur les aspects environnementaux du transport, c’est prendre un risque. Il est si simple de se retourner vers ceux qui réclament un peu de sobriété au nom de la planète et d’arguer que, comme chacun sait, « il y a des problèmes plus graves ». Pourquoi embêter les gens avec des histoires de bicyclette ou d’Autolib’ alors qu’ils subissent tous les jours la crise économique et la précarité ? Car, comme chacun sait, à un certain moment, et comme dirait qui vous savez, « l’environnement, ça commence à bien faire ». Surtout quand je suis sur mon vélo sous la pluie glaciale.

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