23/10/2022 Par acomputer 597 Vues

Sauver sa peau grâce à la greffe

«Avec l'accident qui m'est arrivé, qu'on ait réussi à me sauver grâce à des greffes de peau et à l'énergie incroyable de l'équipe médicale, je suis vraiment impressionné.»

Simon Bessette, 35ans, a été brûlé sur 52% de son corps. L'équipe dont il parle est celle du CHUM-Hôtel-Dieu où il a été hospitalisé pendant trois mois, dont un en état de coma. Au total, son rétablissement aura pris quatre ans.

En mars 2012, ce jeune technicien en environnement s'adonnait à l'escalade urbaine. Il se trouvait sur le pylône d'une ligne électrique lorsqu'un arc de 330000volts a parcouru son corps. Simon Bessette n'a aucun souvenir de cet accident, de ses vêtements en feu, de son transport à l'hôpital.

Sauver sa peau grâce à des greffes

La peau est le plus grand de nos organes. Lorsqu'elle subit des brûlures thermiques, électriques, chimiques ou radioactives au troisième ou au quatrième degré, l'autogreffe ou l'homogreffe s'impose, littéralement pour sauver la vie du patient. Dans le premier cas, c'est la peau du patient lui-même qui est utilisée. Dans le deuxième, c'est celle de donneurs.

Le don de tissus humains permet d'améliorer la qualité de vie de 20personnes, malades ou accidentées, ayant besoin d'une greffe.

Dans le but d'accroître les dons de tissus, le CHUM et Héma-Québec agissent de concert depuis près d'un an. Ils ont revu leurs processus d'identification et de recommandation pour les donneurs potentiels de tissus humains et concentrent leurs démarches au bureau de la gestion des décès du CHUM.

Grâce à cette centralisation du processus, les candidatures potentielles pour des dons de tissus ont augmenté de 182%.

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Simon Bessette et le Dr Ali Izadpanah dans un couloir du CHUM.

Sauver sa peau grâce à la greffe

Photo:Radio-Canada / Anne Marie Lecomte

Des pansements faits de peau humaine

Les brûlures sévères comme celles subies par M.Bessette ne peuvent être traitées par autogreffe dans un premier temps. D'où l'importance pour l'équipe soignante de disposer de la peau... d'un autre.

«En général, les brûlures électriques et thermiques sont très profondes, explique Ali Izadpanah, directeur de la chirurgie à l'Unité des grands brûlés du CHUM. C’est très difficile d’en déterminer la profondeur pendant la chirurgie. […] Si on utilise la peau du patient, vivante, on peut la perdre si elle n’est pas assez débridée.» Débrider, c'est enlever la peau brûlée. Il faut ensuite nettoyer la zone qui recevra ce pansement biologique. La peau est alors percée comme un filet et étirée pour recouvrir les plaies.

L'homogreffe est ni plus ni moins un pansement biologique appliqué sur la plaie pendant deux à trois semaines afin de contrôler la perte de température, la perte d’humidité et l’infection. «Un autre type de pansement n’est pas aussi efficace que cette peau humaine qui va couvrir le patient en attendant que sa propre peau se régénère et qu’on fasse une autogreffe», dit le Dr Izadpanah. La régénération de la peau nécessite jusqu'à deux semaines.

Par ces étapes cruciales, on stabilise le patient; «il y a moins de mortalité et moins de morbidité», dit le Dr Izadpanah.

Quand un grand brûlé arrive, il faut...

  1. régler les problèmes vitaux et procéder aux évaluations cardiaque et neurologique;
  2. sécuriser les voies aériennes et les poumons, possiblement l’intuber;
  3. évaluer s'il doit être plongé dans un coma artificiel;
  4. assurer la circulation sanguine et empêcher les brûlures circulaires (torses, bras, jambes) d’agir tel un garrot et fassent mourir les membres;
  5. enlever les tissus nécrosés, nettoyer et panser les plaies afin d’éviter une infection grave;
  6. procéder à la réanimation liquidienne, puisque les plaies coulent et déshydratent.

Source : Unité des grands brûlés du CHUM

5000 greffes en 2018

Les critères entourant le don de peau, de cartilage et d’os sont moins restrictifs que ceux qui régissent le don d'autres organes. Il revient à Héma-Québec de prélever et d'analyser la peau provenant de personnes décédées ayant consenti au don d'organes.

Mais Héma-Québec voudrait fournir davantage de tissus prélevés au CHUM, qui traite 75% des grands brûlés du Québec, les 25 % restants relevant du Centre hospitalier de l'Université Laval (CHUL), à Québec. Les prélèvements de tissus se font automatiquement chez ceux qui ont signé leur carte de don d'organe. L'an dernier, on a pu réaliser 5000greffes grâce à 945donneurs.

Si l'on consent au don d'organes, il est important de communiquer à ses proches sa décision de consentir au don de tissus, puisque ce sont ces derniers qui parleront au nom du donneur à son décès.

De l'aide psychologique essentielle

Simon Bessette dit avoir toujours eu l'espoir de s'en sortir. Cela dit, son rétablissement dépasse ses espérances.

«Déjà, juste d’apprendre qu’on a frôlé la mort et qu’on a brûlé sur la moitié du corps, c’est un gros choc, relate-t-il. Après, on pense à l’avenir et on appréhende ce qui s’en vient. À ce moment-là, je n’aurais pas pensé que, sept ans plus tard, j’aurais été aussi en forme, aussi en santé.»

Certes, la médecine l'a sauvé. Mais sa survie, il la doit aussi au soutien psychologique dont il a bénéficié.

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Dr Ali Izadpanah, directeur de la chirurgie à l’Unité des grands brûlés du CHUM, Nathalie Rouchet, assistante infirmière chef, UGB CHUM, Simon Bessette,Vanessa Pelletier-Jourdain, porte-parole d'Héma-Québec.

Photo:Courtoisie - CHUM

«L’équipe médicale est fantastique. Des gens à mes côtés me donnaient chaque jour l’énergie de continuer, ce qui me permettait de ne jamais me décourager parce qu’ils sont tellement positifs. Les gens répondaient à mes questions franchement et je me sentais entouré d’une famille, en quelque sorte. Ça a fait toute la différence», conclut Simon Bessette.

Avec les informations de Michel Marsolais