Et s'il restait du bon ski à l'Aiguille du Midi?

12/02/2022 Par acomputer 824 Vues

Et s'il restait du bon ski à l'Aiguille du Midi?

Aller chercher la neige 2800m plus haut

Si l’Aiguille du midi et la fameuse descente de la Vallée Blanche sont désormais incontournables en termes de ski hors-piste, le projet de l’Aiguille du Midi était au départ de créer la plus haute station de ski d’été d’Europe, avec quatre téléskis remontant la vallée blanche… Le glacier a bel et bien vu naître ces installations, mais elles ont rapidement disparu pour laisser place à la montagne sauvage que l’on connaît aujourd’hui. Cette station n’est désormais qu’un lointain souvenir mais le téléphérique de l’Aiguille du Midi permet toujours de monter à 3 800 mètres d’altitude et donc, pour les plus motivés et initiés, de chausser les skis très tard dans l’année. Avec une nouvelle couche de fraiche attendue en altitude, il pourrait sembler bon d'aller poser ses spatules là-haut !OT Chamonix

De la poudre au Tacul

Si le sommet du mont Blanc est partagé avec nos amis italiens, celui du Tacul détient le record du plus haut sommet français avec ses 4 248 mètres. Autant dire que s’il y a bien un endroit où chercher de la neige en été, c’est là-haut. Cependant, l’itinéraire de la voie normale, en face nord, présente bon nombres de risques liés à la météo : ponts de neige fragilisés par les multiples passages d'alpinistes, chutes de séracs importantes et formation assez régulières de plaques friables sur l’itinéraire. Autant dire que la difficulté principale réside dans le respect des bonnes conditions, difficulté que l’on pourra déléguer à un professionnel, c'est un conseil... Néanmoins, l’accès au sommet par la voie normale est plus impressionnant que réellement compliqué techniquement. Après une descente au col du midi depuis le terminus du téléphérique à 3800 m, on attaque la montée. Il peut être intéressant de passer la nuit au refuge des Cosmiques ( 15 minutes depuis le col) pour partir au sommet tôt et donc éviter les risques liés à la chaleur. Du col, on part à l’assaut du Tacul par son flanc gauche pour tenter de remonter au mieux, en traversée, vers l’épaule de laquelle on aura plus qu’à rallier le sommet par son arête. Avant celle-ci, un passage est rendu obligatoire sous un gros sérac… Pas la peine de préciser que ce n’est pas le moment de prendre sa pause bonbon : plus vite on le passe, mieux on se porte. Le Tacul est réputé pour ses nombreuses descentes de pente raide. Cependant, en été, celles-ci reprennent rapidement leur couleur bleutée quand la neige laisse place à la glace. Alors, la voie normale est une belle option pour descendre, d’autant plus que cela permet de repérer les conditions à la montée. En cette période de l’année, le retour passe forcément par une petite bavante : on peut descendre soit par la Vallée Blanche et s’engager dans une longue marche finale skis sur le dos, soit remonter à l’Aiguille du Midi, ce qui ne se fait pas sans effort, mais plus on avance dans l’été, plus la deuxième option est avantageuse !

Une Vallée Blanche… à remonter

La beauté et la facilité de la descente de la Vallée Blanche en font incontestablement l'un des itinéraires à ski les plus convoités de France. Pourtant, une fois la saison terminée, celle-ci redevient déserte et sauvage, pouvant attirer les plus motivés : depuis l'Aiguille du midi, on trouve encore environ 1 000 mètres de dénivelés négatifs skiables, tirant de la poudre sur le haut jusqu'à la neige transformée et donc molle plus bas. Un voyage en haute montagne, slalomant entre séracs et crevasses, que l'on a le plaisir de vivre sans l'afflux de monde des journées d'hiver. Arrivé au point critique, il faut faire un choix crucial : finir l'itinéraire à pied, ce qui devient bien trop long à partir du mois de juillet (surtout pour remonter les échelles !), ou bien le remonter tranquillement pour redescendre en benne. Une randonnée inversée, certes, mais qui ne manque pas de cachet en cette saison.OT Chamonix

Un mont Blanc à ski en juillet

S’il faut aller haut pour trouver de la bonne neige… autant aller au plus haut ! Les belles pentes du sommet du mont Blanc se prêtent particulièrement bien au ski de printemps et d’été. Si désormais la plupart des alpinistes ont rangé les skis pour sortir les crampons, l’idée de s’offrir une descente du toit de l’Europe en juillet n’est pas si folle que ça… À cette période, la plus belle voie à effectuer skis aux pieds reste celle des Grands Mulets, bien qu’il faille désormais porter sur environ 200 mètres avant de trouver la neige. Sur cette voie historique, on se retrouvera cette année loin des foules puisque le refuge est encore fermé. Pour autant, la cabane d’hiver reste encore ouverte. Pour accéder au refuge des Grands Mulets, on saute bien évidemment dans la benne de l’Aiguille du Midi, sans pour autant monter à 3 800 mètres. Arrêt au premier tronçon du plan de l’Aiguille à 2 300 mètres, d'où il faudra porter les skis jusqu'à 2 500 mètres d'altitude environ… D'ici, on prend pied sur le somptueux glacier des Bossons pour rejoindre ensuite la jonction avec le glacier de Taconnaz. Une fois passée, on peut alors aisément remonter la combe pour aller jusqu’au refuge. C’est là que les choses sérieuses commencent : le deuxième jour après un réveil plus que matinal (entre une et deux heures du matin), on chausse pour partir à l’assaut des 1 750 derniers mètres. Du refuge, on rejoint les Petites Montées puis le Petit Plateau (zone exposée aux séracs, mauvais endroit pour le petit dej...), pour ensuite passer les Grandes Montées puis accéder au Grand Plateau. D’ici, on rejoint le col du Dôme pour ensuite finir le trajet de manière instinctive sur l’arête des Bosses (il n'y a en général plus qu'à suivre la trace.). Pour descendre, il suffit de suivre le même itinéraire qu’à la montée. Ceci dit, les très bons skieurs pourront se permettre d’emprunter la face nord plus raide pour rejoindre le Grand Plateau puis le petit. Une fois l’itinéraire de montée rejoint, on skie tranquillement jusqu’à la jonction. Vient alors le pire : descendre à pied les derniers mètres, chargés comme des veaux avec toute la fatigue accumulée, et comme seule satisfaction d’avoir glissé sur les pentes du sommet de l’Europe occidentale. Satisfaction bien suffisante !