Jessica Alba, une milliardaire « Honest »

03/01/2023 Par acomputer 583 Vues

Jessica Alba, une milliardaire « Honest »

À Santa Monica en Californie, sur le parking de The Honest Company, impossible de louper la place de la patronne : son nom y est écrit en vert vif. Avant de fonder Honest, start-up née il y a quatre ans et valorisée à 1,7 milliard de dollars, Jessica Alba était une actrice connue pour ses rôles de chorégraphe hip-hop au cœur d’or (Honey en 2003) ou de strip-teaseuse déterminée (Sin City). J’arrive à 15 h 32 et je me demande toujours si, au cours des vingt-six minutes qui suivent, c’est la femme d’affaires high-tech que j’ai pu voir ou sa meilleure performance d’actrice.

Son bureau en acier bleu cobalt se trouve dans un open space où travaillent quelques-uns de ses 500 employés. Ils affichent tous un large sourire et moins de 30 ans. « Nous embauchons principalement à la sortie de l’université », explique Jessica Alba qui, à 34 ans, est plus âgée que la moyenne de ses employés. À côté de son bureau, il y a des piles de couches décorées de personnages de dessins animés mignons.***« C’est la collection “Paris”, alors nous cherchons des drapeaux français, la tour Eiffel, un bouledogue qui dise : “le woof”. »***Jessica Alba approuve le design des couches mais pas la couleur saumon de l’emballage parce qu’elle pourrait sembler trop féminine à des parents de garçons. Derrière elle, il y a de nouveaux échantillons de logos, chacun dans une nuance différente de pêche, mais elle les examinera plus tard. Elle me fait entrer dans une petite pièce confortable et faiblement éclairée, avec des bougies parfumées, où les jeunes mamans peuvent tirer leur lait en toute quiétude. Dans le hall, elle attrape au vol une conversation à propos d’une opération marketing que la marque pourrait organiser pour offrir ses produits aux célébrités pendant la Fashion Week de New York. Pour l’occasion, elle a envisagé de mettre sur pied un salon qui offrirait des retouches de maquillage et des massages de 15 minutes mais elle se demande si la portée d’une telle opération vaudrait les 25 000 dollars qu’il faudrait débourser (avec son compte Instagram et ses 6 millions d’abonnés, une seule photo lui procure instantanément une audience bien plus importante.)

Lorsque nous entrons dans le studio photo, elle s’écrie : « Mais pourquoi il n’y a pas de musique ici ? Où sont Riri et ’Yoncé ? » Un mannequin métis en plein shooting pour la promotion d’un kit de soins cosmétiques, recouverte de millions de charmantes taches de rousseur, rougit lorsque Jessica Alba s’extasie sur sa « beauté moderne ». Soudain, mon hôtesse regarde sa montre et accélère la visite, qui compte encore le showroom où les nouveaux produits sont vendus, la direction artistique où les emballages sont conçus et le service client où les employés traitent jusqu’à 3 500 appels et e-mails par jour. Puis, à 15 h 58, elle se tourne vers moi et me dit : « Je suis désolée, mais mon rendez-vous de 16 heures est arrivé. »

Jessica Alba, une milliardaire « Honest »

Née pour le cinéma

James Cameron, réalisateur autoproclamé « dieu du cinéma », a permis à Jessica Alba de percer en 1998 dans le rôle principal de Dark Angel, son éphémère série télévisée. Le succès de Honest ne le surprend pas : « Si on remontait à l’époque où je l’ai rencontrée et qu’on me disait : “Cette fille va bâtir une entreprise de 1 milliard de dollars”, je répondrais : “Oui, c’est possible !” » La société de production de Cameron a auditionné plus de 1 000 actrices pour le rôle avant de découvrir Jessica Alba. Quelque chose dans son air à la fois revêche et glamour l’a interpellé. « Elle se tenait affalée avec les cheveux sur la figure et un regard de défi. Mais lorsqu’on a braqué la caméra sur elle, bam ! Elle dégageait une telle attitude punk ! » (Jessica Alba admet avoir été une adolescente taciturne.) Dark Angel se passe dans le futur (à l’époque, 2009 c’était le futur) et son personnage, Max ­Guevara – un super-soldat génétiquement modifié créé par le gouvernement et qui s’échappe d’un laboratoire secret – fait peser sur elle une sérieuse chance de célébrité. « C’était une production de 125 millions de dollars qui reposait sur les épaules d’une adolescente, se souvient Cameron. Elle a relevé le défi sans trébucher ni faiblir. » Jessica Alba a travaillé 86 heures par semaine à Vancouver, réalisé elle-même la plupart des cascades et, comme le précise le metteur en scène, « jamais reculé devant un combat ». « Dès le début, elle a fait preuve d’un grand professionnalisme », dit-il.