Infection urinaire : la reconnaître et la soigner

03/06/2022 Par acomputer 708 Vues

Infection urinaire : la reconnaître et la soigner

Mieux comprendre l’infection urinaire basse (cystite)

Envie fréquente de faire pipi, brûlure à la miction... Une femme sur deux souffrira d’au moins un épisode d'infection urinaire symptomatique au cours de sa vie. Aussi banale que bénigne, vous aurez "vite fait" de balayer une "bonne vieille" cystite avec des antibiotiques. Mais une infection urinaire qui traine peut se propager par voie ascendante vers les reins. Et là c'est une autre paire de manches. Explications.

Définition : qu'est-ce qu'une infection urinaire ?

L'infection urinaire se définit par la présence d'un agent infectieux dans l'urine associée à certains symptômes caractéristiques : besoin fréquent et urgent d'uriner, brûlures lors de la miction, difficulté à vider sa vessie... "Le diagnostic d'infection urinaire est constitué lorsqu'un examen ECBU révèle la présence de germes dans les urines", selon la docteure Schérifa Salifou Laurain, médecin généraliste.

En effet, chez les individus en bonne santé, l'urine présente dans la vessie est stérile et ne contient pas de micro-organismes. En outre, le conduit qui véhicule l'urine de la vessie vers l'extérieur de l'organisme (appelé urètre) peut contenir des bactéries mais celles-ci sont en trop faible quantité pour entraîner une infection. Toutefois, il peut arriver qu'un agent infectieux affecte l'extrémité inférieure des voies urinaires (le méat urétral externe situé à l'extrémité du pénis chez l'homme et au niveau de la vulve chez la femme). C'est alors le déclenchement d'une infection qui va s'étendre par voie ascendante en remontant vers les voies urinaires inférieures puis supérieures.

En fonction de la localisation de l'infection, nous parlons :

Le traitement d'une infection urinaire dépend de l'agent infectieux causal et de sa localisation.

Des infections urinaires (IU) plus fréquentes chez la femme

Les infections urinaires (IU) sont les infections bactériennes les plus communes chez la femme : 50% des femmes souffriront d’au moins un épisode symptomatique au cours de leur vie (source 1). Un tiers de femmes ayant eu un premier épisode d’IU souffrira d’infections urinaires récidivantes. Les infections urinaires surviennent dans 20% des cas chez l’homme (source 1).

Des infections urinaires à tout âge

La femme entre 20 et 50 ans est plus à risque de développer des infections urinaires. Chez l'homme, c'est l'inverse :les infections urinaires augmentent à partir de 50 ans, à cause d’une forte proportion de prostatite. Chez l’enfant, les infections urinaires sont plus rares, une malformation urinaire secondaire existe souvent.

Les complications liées aux infections urinaires

"Aujourd'hui, nous ne distinguons plus les infections urinaires selon qu'elles soient basses ou hautes mais plutôt selon qu'elles soient simples ou à risque de complications", selon la docteure Schérifa Salifou Laurain, médecin généraliste. Les infections urinaires présentent un risque :

Il existe certains facteurs de risque prédisposant à ces complications tels que : un diabète , une immunodépression, une grossesse, des antécédents de pyélite / calcul / anomalie des voies excrétrices, une sonde à demeure ou transitoire en place, une intervention urologique récente, une infection urinaire acquise à l’hôpital, le sexe masculin, l'âge avancé, un traitement antibiotique récent, des infections récidivantes (≥4 épisodes/an)....

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Quels sont les différentes formes d'infections urinaires ?

Le type d'infection urinaire dépend de sa localisation :

Les infections urinaires basses (IUB)

Infection urinaire : la reconnaître et la soigner

Elles sont localisées dans les voies urinaires basses.

Les infections urinaires hautes (IUH)

Elles sont localisées dans les voies urinaires hautes.

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Comment se déclenche une infection urinaire ?

Les voies urinaires basses, une porte d'entrée infectieuses

L'infection urinaire est liée à l'intrusion de micro-organismes (le plus souvent des bactéries) par l’extrémité inférieure des voies urinaires : le méat urétral externe, qui se trouve chez les hommes à l’extrémité du pénis et chez les femmes au niveau de la vulve.

L’infection se développe ensuite par voie ascendante à travers l’urètre jusqu’à la vessie, et parfois jusqu’aux reins. Cependant, il existe une seconde porte d’entrée possible : la circulation sanguine, généralement jusqu’aux reins.

La contamination par l'agent infectieux peut se faire lors d'un rapport sexuel ou encore en cas de macération, de manque ou au contraire d'excès d'hygiène intime (le manque d'hygiène favorise la présence de bactéries intestinales au niveau des voies urinaires. L'excès d'hygiène agresse la flore génitale et favorise la prolifération de champignons ou mycoses), de complications de gestes médicaux urologiques récents…

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Une origine bactérienne, le plus souvent

Les infections urinaires (IU) sont presque toujours d’origine bactérienne, bien que les virus, champignons et parasites puissent aussi infecter les voies urinaires. Plus de 85 % des IU sont provoquées par des bactéries issues de l’intestin ou du vagin (source 2 ).

Escherichia coli est l’agent bactérien provoquant le plus fréquemment une IU.D'autres bactéries contractées lors de rapports sexuels sont aussi en cause : chlamydia, gonocoque, mycoplasme... Enfin, le bacille de Koch (tuberculose) peut aussi donner lieu à une infection urinaire.

Quels sont les facteurs de risque d'infection urinaire ?

Quels sont les symptômes d'une infection urinaire ?

Il arrive que les infections urinaires se présentent sans symptôme. Néanmoins, la plupart du temps, elles se manifestent par des signes différents selon la localisation de l’infection.

Les symptômes d'une infection urinaire basse (cystite, urétrite, prostatite...)

Les symptômes habituels sont :

Le patient ne présente généralement pas de fièvre s'il s'agit d'une simple cystite. En revanche, un patient atteint de prostatite peut présenter de la fièvre, une pression dans le rectum ou encore du sang dans le sperme (chez l'homme). En outre en cas d'urétrite, un écoulement urétral et des leucorrhées (ou pertes blanches) peuvent être observés. Ces deux dernières affections sont aussi parfois à l'origine de troubles sexuels (douleurs lors d'un rapport sexuel ou de lors de l'éjaculation (chez l'homme), trouble de l'érection...).

Les symptômes d’une infection urinaire haute (pyélonéphrite, pyélite)

En cas de symptômes d'infection rénale (ou pyélonéphrite), il est recommandé de consulter rapidement un médecin :

Les symptômes de l'infection urinaire chez l' enfant

L'enfant présente parfois des symptômes atypiques d'infection urinaire : fièvre associée ou non à des maux de ventre, incontinence nocturne (ou énurésie)...Chez les enfants en bas âge et les nourrissons, l'infection urinaire peut être décelée par des pleurs lors de la miction, une fièvre, une irritabilité...

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Les symptômes de l'infection urinaire chez la personne âgée

Les personnes âgées peuvent ressentir des symptômes atypiques : fièvre, incontinence urinaire, troubles digestifs, perte d'appétit...

Comment peut-on prévenir une infection urinaire ?

Afin de prévenir la survenue d’une infection urinaire, il est nécessaire de :

L'efficacité du jus de canneberge, souvent recommandé en prévention des infections urinaires, ne serait pas scientifiquement validée, selon les dernières études. Des litres de jus seraient nécessaires pour espérer obtenir un quelconque effet protecteur. Chez les femmes souffrant d’infections urinaires chroniques, la canneberge pourrait toutefois présenter un intérêt, si le principe actif est suffisamment dosé.

En vidéo : Comment éviter les infections urinaires à répétition ?

Comment est établi le diagnostic d'infection urinaire ?

Pour établir le diagnostic d’infection urinaire, le médecin peut réaliser un premier test grâce à une bandelette urinaire. L'examen est complété par un examen cytobactériologique des urines (ECBU) qui permet de réaliser :

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Si une bactérie est identifiée à l'issue de l'ECBU, une étude de sa sensibilité à différents antibiotiques (antibiogramme ) est réalisée. Elle guide votre médecin dans sa prescription d’antibiotiques.

IU haute ou basse : quels traitements ?

Le traitement des infections urinaires repose surl’utilisation d’antibiotiques pendant une durée variable selon le type d’infection.

Les traitements des infections urinaires basses simples (IUBS)

Les IUBS comme la cystite ou l'urétrite sont traitées par antibiothérapie par voie orale :

En première intention:

En seconde intention : quinolones pendant 3 jours (norfloxacine 2x400 mg/j).

En cas de rechute, il faut instaurer un traitement de plus longue durée (7 jours), adapté à l’antibiogramme, et éventuellement rechercher une cause anatomique. En cas de réinfection, il faut rechercher une cause exogène (comme les rapports sexuels trop fréquents, l'usage de crème spermicide par exemple).

Une prophylaxie antibiotique est parfois proposée aux récidives fréquentes (>4 épisodes/an) et invalidantes, ce en raison du risque de sélection de germes résistants et des éventuels effets secondaires.

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Traitements des infections urinaires basses compliquées (IUBC)

En cas d'IUBC, une culture d’urine doit être réalisée afin d'adapter le traitement sur mesure. Le médecin prescrire sans attendre les résultats de la mise en culture du nitrofurantoine (3x100 mg/j pendant 5-7 jours) ou des quinolones ( comme de la norfloxacine 2x400 mg/j pendant 7 jours). Le traitement est réévaluer après réception de la culture et de l’antibiogramme.

Traitements des infections urinaires hautes simples (IUHS)

En cas de pyélonéphrite aiguë simple, le traitement peut être conduit en ambulatoire, l’hospitalisation demeurecependant nécessaire en cas de signes d'infection généralisée (sepsis) ou d’incapacité à prendre un traitement oral.

Le traitement antibiotique doit être débuté immédiatement et sera modifié au besoin en fonction des résultats de l’antibiogramme. Le médecin peut prescrire au choix :

Un contrôle téléphonique ou au cabinet avec le patient à 48-72h après le début du traitement est toujours nécessaire. Une culture n'est pas réalisée après la fin du traitement si les symptômes ont disparu.

Traitements des infections urinaires hautes compliquées (IUHC)

En cas d'IUHC, une culture d’urine est réalisée. Le traitement de première intention reste la ciprofloxacine (2x500 mg/j), qui doit être réévaluée après réception des résultats de la culture et de l’antibiogramme. L'hospitalisation peut s'avérer nécessaire en cas de symptômes aigus.

Quelles approches complémentaires en cas d'infection urinaire ?

La phytothérapie, l'aromathérapie et l'homéopathie, peuvent être utiles lors d'une infection urinaire.

En phytothérapie

En infusion : mettre 3 cuillerées à café de busserole dans 1 litre d'eau bouillante. Laisser bouillir pendant 5 minutes. Laisser infuser encore 5 minutes. Filtrer. Boire 3 tasses par jour pendant 1 semaine.

Après de nombreuses controverses sur l’efficacité de la canneberge dans la prévention et le traitement des infections urinaires, il est admis qu'elle peut être utile en prévention des récidives chez la femme souffrant d'au moins quatre infections annuelles, à condition qu'elle soit suffisamment dosée (son composé actif doit être présent à hauteur de 36 mg).

En aromathérapie

- Appliquer 2 gouttes d'huile essentielle de santal sur le bas-ventre. 3 à 5 fois par jour pendant 5 jours ;- versez 1 goutte d'huile essentielle de sarriette dans une cuillerée à café d'huile d'olive. Laisser fondre dans la bouche. 4 fois par jour pendant 5 jours.Extrait de Mes secrets de pharmacienne, de Danièle Festy, éd. Leduc.S.

En homéopathie

- Lors d’irritation, de brûlure en urinant : 2 granules de Cantharis 5 CH, 3 fois par jour ;- lors d’infections urinaires chroniques : 2 granules de Colibacillinum 4 CH, 3 fois par jour ou 2 granules de Serum anticolibacillaire 5 CH, 3 fois par jour.

Entretien avec la docteure Schérifa Salifou Laurain, médecin généraliste.

source 1 : "Infections urinaires", A. François and al., Hôpitaux universitaires de Genève.

source 2 : "Présentation des infections des voies urinaires (IVU)", Talha H. Imam, MD, University of Riverside School of Medicine, février 2020.

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Voir tous les médicaments associés à infection urinaireAuteur : Ysabelle Silly, JournalisteExpertes : Dr Caroline Pombourcq ; Dre Schérifa Salifou Laurain, médecin généralisteMis à jourpar Dora Laty, Journaliste santé bien-êtreDans le dossier Mieux comprendre l’infection urinaire basse (cystite)