Gros = Méchant : ces traces de grossophobie dans Harry Potter
Tout au long des sept livres qui constituent la série originale, on rencontre effectivement le schéma d’amalgame répété de la grosseur et de la méchanceté. Vernon Dursley est un tyran envers Harry et qui, en plus d’avoir un vilain caractère, est si gros qu’il n’a pas de cou.
Dudley, son fils, est constamment gâté par sa mère, au point d’obtenir une corpulence tout aussi imposante… Sa lourdeur est traitée comme une manifestation physique de sa nature gâtée, au point que Hagrid, dans le premier roman, décide de lui coller une petite queue-de-cochon aux fesses. Anecdote à l’apparence anodine, sauf lorsque cette représentation devient redondante.
Moi, gros et méchant
Presque chaque mention de Vernon ou de Dudley est associée à un rappel qu'ils sont gros, généralement pour décrire à quoi ils ressemblent lorsqu'ils sont cruels envers Harry, rendu menu par une négligence de traitement depuis sa présence dans la famille Dursley.
Un autre exemple notable est celui de Marge, la soeur de Vernon — qui fait sa première apparition dans Le Prisonnier d’Azkaban — dont le poids semble intimement lié à sa personnalité si désagréable. Un personnage exaspérant pour Harry qui, incapable de contrôler sa colère, parvient à la faire gonfler comme un ballon et s’envoler...
De la même manière, les personnages de Crabbe et Goyle, les acolytes de Malfoy, ou la terrible Dolores Ombrage, renforcent cette tendance à corréler une taille importante à une personnalité qui évoque rarement la sympathie.
De quoi faire trembler les ménages, comme c’est notamment le cas avec Laura Wheatman Hill, qui explique : « J'ai des antécédents de troubles alimentaires que je traite chez un professionnel en tant qu'adulte, et je veux que mes enfants soient libérés du ‘‘diktat de la minceur’’. Il est difficile de transmettre cette leçon quand je leur lis une série de livres dans laquelle Rowling rabaisse à plusieurs reprises ses gros personnages ».
En effet, difficile de nier une certaine redondance de la part de l’autrice britannique, en tout cas en ce qui concerne une grande majorité de ses personnages en surpoids. Qu'en est-il du reste ?
Un peu de nuance…
Il semble ici important de prendre du recul, et de s’attarder sur d’autres personnages dans les différents romans Harry Potter, qui, malgré un physique quelque peu désavantageux – et encore, c’est une question de goût –, n’ont rien de brutes ni de tortionnaires.
Citons notamment Molly Weasley, mère de sept enfants, qui émeut par sa douceur et sa générosité envers Harry. Quoique certains diront qu’elle n’est qu’une maman poule un peu trop sévère par moments, Molly n’agit jamais de façon assez terrible ou cruelle pour être considérée comme une méchante.
Un autre personnage qui s’impose comme épitomé de gentillesse est Rubeus Hagrid, un personnage de taille importante de par sa nature de demi-géant. Il reste en effet l’un des personnages les plus appréciés de la série. C’est un grand bonhomme généreux, honnête, serviable et amoureux des animaux – rien qui inspire la peur ou l’hostilité, donc, à moins d’être atteint de mégalophobie, bien entendu.
Que dire des personnages à l’allure fluette et dont la personnalité laisse à désirer ? La famille Malefoy, par exemple, ne semble pas souffrir d’un quelconque surpoids. Il en est de même pour Pétunia Dursley, mince, munie d'un cou deux fois plus long que la moyenne. Et que dire de Severus Rogue, homme filiforme caché sous ses vêtements noirs ?
Enfin, on aurait presque tendance à oublier le vrai méchant de cette histoire de sorciers… Voldemort, anciennement Tom Jedusor, qui n’a rien du bibendum. Au contraire, il évoque par son attitude l’aspect d’un serpent, avec un visage anguleux et une silhouette élancée. Etrangement, alors, sa capacité à torturer et tuer tous les innocents qui traversent son chemin n'a rien à voir avec son physique – pourtant, il reste le grand antagoniste…
Sources : Insider, Lady Geek Girl, The Mary Sue
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