Cindy Sherman : « La photographie sait très bien mentir »

19/04/2022 Par acomputer 754 Vues

Cindy Sherman : « La photographie sait très bien mentir »

Cet entretien a été réalisé le 25 février. A cette date, la rétrospective consacrée à Cindy Sherman à la Fondation Vuitton était supposée ouvrir trois semaines plus tard. On connaît la suite. Rentrée chez elle peu de jours après la rencontre, la photographe américaine, 66 ans, est depuis demeurée confinée à New York, ce qu’elle nous a raconté ainsi : « J’ai fait avec, comme n’importe qui, cuisant mon pain, mangeant et buvant trop, sans m’habiller ou me laver les dents avant 2 heures de l’après-midi. Je n’ai rien fait du tout, mais je n’en avais pas l’intention, puisque je viens de finir un gros travail. » Son exposition parisienne débute finalement le 23 septembre.

En 2012, le MoMA de New York a présenté une rétrospective de votre œuvre qui était très complète. En quoi celle qui a lieu à Paris est-elle différente ?

Elle est encore plus grande, avec des œuvres très récentes et d’autres des tout débuts qui n’avaient pas été montrées à New York. Mais je suis peu intervenue sur le projet parisien. Peut-être ai-je déconseillé une ou deux images, ajouté deux ou trois autres, mais en collaboration avec l’équipe. Les commissaires font leur travail. Personnellement, je ne saurais pas comment faire si je devais organiser une exposition de mon propre travail.

Lire la critique de l’expo au MoMa (2012) :Cindy Sherman et ses 171 métamorphoses

Vous serait-il difficile de concevoir une rétrospective de votre travail ?

Cindy Sherman : « La photographie sait très bien mentir »

Pour moi, tout ce que j’ai fait va ensemble et se tient. Et comme il y a eu déjà plusieurs rétrospectives, il faudrait que je me demande comment présenter quelque chose de différent. Il est bien mieux qu’un regard extérieur intervienne.

A la différence de celle du MoMA, l’exposition parisienne ne suit pas vraiment l’ordre chronologique…

Pas complètement, en effet. Par exemple, vers le début, il y a des œuvres très précoces, mais aussi de très récentes. Il faut aussi compter naturellement avec les différents formats et les dimensions des salles.

Comment raconteriez-vous vos débuts, aujourd’hui, un demi-siècle plus tard ?

Je dirais que, contrairement à ce que l’on a pu dire sur l’influence de Warhol, Duchamp a été plus important pour moi, avec son idée essentielle que tout peut devenir art. Ce qui m’intéressait dans Warhol venait de Duchamp. Et le côté portraits, Polaroid et glamour de Warhol, ça ne me concernait pas vraiment. Ou alors comme objet d’analyse, à envisager avec une distance un peu ironique ; mais pas comme direction à suivre. Par ailleurs, il apparaissait comme une sorte de dieu de l’art, de roi du pop… Je ne me considère pas comme une artiste pop, pas du tout.

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