Lyon. "Nique lui sa mère à ce fils de p... de blanc" : il défend sa copine et finit roué de coups

09/03/2022 Par acomputer 745 Vues

Lyon. "Nique lui sa mère à ce fils de p... de blanc" : il défend sa copine et finit roué de coups

Par Pierre Chemel Publié le Actu Lyon Voir mon actu

Emma est aujourd’hui terrifiée à l’idée de sortir dans la rue… Vendredi 1er octobre au soir, la jeune Lyonnaise de 26 ans, cheffe de projet dans le marketing, rentre de soirée avec son copain Florian, 33 ans, ainsi qu’un couple d’amis. Dans le 1er arrondissement de Lyon, elle est abordée par un jeune homme, devant le PMU de la place des Terreaux.

« Je marchais avec ma une copine, nos copains respectifs se trouvaient à une trentaine de mètres devant nous, raconte-t-elle à Actu Lyon. J’ai été abordée par deux jeunes hommes que je qualifierais de racailles. L’un d’eux m’a accostée et a commencé à me draguer lourdement. »

Emma lui répond qu’elle est accompagnée et devant l’insistance du jeune homme, dont elle estime l’âge à 25 ans environ, elle rappelle que le harcèlement de rue est puni par la loi ».

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Le groupe d’agresseurs grossit à vue d’œil

Pour seule réponse, le jeune hausse un peu plus le ton. Emma se fait traiter de « sale pute » ! Elle accélère le pas, les deux hommes continuent de la suivre. Florian, le petit ami d’Emma, chef de projet en ingénierie, entend l’esclandre. Plutôt costaud, il s’interpose. Le ton monte, quelques coups sont échangés. Mais cela ne met pas fin au harcèlement.

Rue Constantine, les quatre amis continuent d’être suivis. L’agresseur le plus insistant « hurle dans la rue des « Nique-lui bien sa mère à ce fils de p… de blanc !« . « Je pense qu’il faisait ça pour rameuter d’autres jeunes qui zonaient dans le quartier », suppose Emma. De fait, le groupe de poursuivants grossit à vue d’oeil, de deux, il passe à huit.

Pluie de coups

La situation dégénère devant le LCL, à l’angle de la rue Constantine et du quai de la Pêcherie. « Ils ont fait tomber mon copain », poursuit Emma. Une pluie de coups s’abat sur le jeune homme. « Mon mec s’est pris des coups de pied sur le corps et sur la tête ». « Certains le frappaient et je suis sûre qu’ils ne savaient même pas pourquoi. C’était un véritable effet de meute, un acharnement gratuit, on aurait dit qu’ils voulaient juste casser du blanc (sic) », estime Emma.

Une fois le passage à tabac accompli, le groupe d’agresseurs se disperse aussi vite qu’il s’était formé.

Lyon.

Les amis d’Emma appellent la police. En vain. « Ils n’arrivaient pas. Je les ai rappelés au bout de 20 minutes, précise Emma. Cinq minutes à attendre avant d’avoir une réponse au bout du fil. Les pompiers étaient déjà sur place ».

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Amertume et incompréhension

Au surlendemain de cette triste soirée, Emma est toujourschoquée et se sent amère. Florian, lui, s’en sort avec de multiples hématomes, un beau coquard, une arcade ouverte et un sérieux mal de tête. « Il aurait été moins baraqué, cela aurait pu être beaucoup plus grave, estime Emma. Il a encaissé les coups et a su se protéger avec les bras ».

« Les policiers n’ont pas pris notre plainte en direct, ils nous ont invités à le faire ultérieurement, regrette la Lyonnaise. J’ai l’impression, à les entendre, qu’il y avait une très grande lassitude chez eux. Les pompiers nous ont dit que ça arrivait quasiment tous les soirs. En partant, les policiers nous ont lancé : « Comme ça, vous savez pour qui voter l’an prochain ! »

« Comme ça, vous savez pour qui voter l’an prochain ! »

Une remarque qui fait réagir Emma. « ça me fait de la peine, ce n’est pas dans mes valeurs, mais ça en dit long sur l’état d’esprit des policiers ». La jeune femme poursuit :« Quand je raconte que je ne me sens pas en sécurité dans ma ville, je me fais taxer d’extrême droite. Mais je ne fais pas de politique et je ne suis pas raciste. C’est juste un fait ! En revanche, quand j’entends les propos du mec qui a agressé mon copain en le traitant de fils de p… de blanc, ça c’est du racisme ».

Son petit ami Florian n’en est pas à sa première agression. Il y a quatre ans, il avait déjà été agressé par un groupe de jeunesplace des Terreaux. « A l’époque, il avait déposé plainte, tout comme il va retourner le faire ce lundi, ajoute Emma. On lui avait expliqué que les caméras de vidéosurveillance étaient de trop mauvaise qualité pour identifier qui que ce soit et au final, les agresseurs n’ont jamais été retrouvés. C’est à croire que porter plainte ne sert à rien ».

« Je ne me sens plus la bienvenue dans ma propre ville »

Et Emma fait ce constat glaçant : « Je ne me sens plus la bienvenue dans ma propre ville ». Cette impression est venue progressivement mais, selon elle, est flagrante « depuis la fin du confinement ».

« Cela fait des années que je sors à Lyon mais quand avant, cela s’arrêtait à des paroles déplacées, aujourd’hui ce sont des coups qui pleuvent. On est monté d’un cran. La violence n’est plus seulement verbale mais elle est devenue physique. Demain, ce sera quoi, des armes à feu ? »

Un Uber pour faire un kilomètre

La jeune femme, explique, comme nombre de ses amies, avoir été contrainte de « cartographier la ville ».

Pas assez de policiers le soir

Pour Emma, le problème réside en partie dans le fait « qu’il n’y a pas assez de présence policière le soir dans le centre de Lyon ». « Il y a des patrouilles en voiture, explique-t-elle, mais on les voit arriver à 100 mètres. Il devrait y avoir constamment quatre ou cinq policiers à pied place des Terreaux, ce serait bien plus dissuasif. Quand j’entends le maire de Lyon Grégory Doucet dire qu’il ne souhaite pas voir trop de forces de l’ordre dans les rues, ça me fait halluciner ! Parce qu’au final, il entretient cette insécurité et fait le jeu des extrêmes ! »

L’autre point regrettable, selon la jeune femme et son ami : « L’individualisme ». « J’ai observé la solidarité et l’esprit de corps qui existe entre ces petits voyous, elle n’existe pas chez les gens lambda. Quand mon copain s’est fait agresser, il y a eu des cris, des tas de gens ont vu ce qu’il se passait mais personne n’a bougé. En ne faisant rien, les Lyonnais, de toutes les couleurs, ne font que légitimer et acceptent passivement ce qu’il se passe. Une simple attention de quelques-uns portée à ce qui nous arrivait aurait pu être dissuasive ».

« Baisser les yeux face aux insultes »

Sur son Facebook, Emma a posté ce message qui traduit sa révolte : « Aujourd’hui en France, la police est tellement en sous effectif qu’il leur faut 5 minutes pour répondre au téléphone. Aujourd’hui en France, il vaut mieux de pas réagir au harcèlement de rue pour éviter de se prendre des coups. Aujourd’hui en France, des lois existent, mais ne peuvent nous protéger tant on a peur de les faire valoir. Aujourd’hui en France, on m’a dit que je n’aurais pas dû réagir, pour éviter ce type de conséquence. Aujourd’hui en France, quand on est une femme, on doit baisser les yeux face aux insultes, parce que la police n’arrive jamais assez vite. Aujourd’hui en France, on se fait insulter parce qu’on est blanc. Aujourd’hui en France, on choisit la lâcheté. On préfère éviter et ignorer plutôt que de sanctionner ».

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