Nouvelle-Zélande : quand les pantalons explosaient dans les années 1930
Dans les années 1930, les agriculteurs néo-zélandais ont commencé à faire face à un problème inhabituel : leurs pantalons n’arrêtaient pas de s’enflammer, voire d’exploser. L’utilisation de chlorate de sodium chimique hautement inflammable comme herbicide contre le séneçon était alors en cause.
Imaginez la scène. Vous êtes un éleveur de moutons néo-zélandais des années 30. Vous vaquez à vos occupations quand tout à coup, vous sentez une odeur de brûlé. Vous baissez les yeux et découvrez à votre grande surprise que votre pantalon s’est enflammé tout seul. Vous tentez alors de le retirer et provoquez alors une explosion.
Ce type de mésaventure pourrait prêter à sourire, mais il ne s’agit pas d’un cas isolé. À l’époque, de nombreux agriculteurs de tout le pays rapportaient en effet avoir été victimes de ces pantalons enflammés, certains simplement en montant à cheval, tandis que d’autres les voyaient prendre feu sur la corde à linge.
« Le pantalon d’un homme a explosé avec un bruit fort. Heureusement, le propriétaire n’y était pas à ce moment-là« , rapporte notamment un journal de l’île du Nord le 12 août 1931. « Bien qu’étourdi par la force de l’explosion, il a pu saisir le vêtement et le jeter sur l’herbe à l’extérieur. Là, le pantalon s’est consumé avec une série de détonations mineures« .
Plus dramatique : certains décès ont même été signalés, notamment à cause de pantalons ayant enflammé le reste du placard, puis la maison tout entière, tuant finalement leurs occupants.
Mais alors, pourquoi ces pantalons prenaient-ils feu soudainement ?
Une histoire de séneçon
Tout commença avec le séneçon. Importée d’Europe dans les années 1800, cette plante herbacée, qui contient des substances toxiques provoquant de graves lésions du foie, se répandit en Nouvelle-Zélande comme une traînée de poudre (c’est le cas de le dire) sur plusieurs décennies dans les vastes étendues de terres défrichées pendant le boom d’après-guerre, touchant finalement des milliers d’animaux, dont de nombreux moutons.
Au début des années 1930, de nombreux néo-zélandais adoptèrent alors avec enthousiasme le chlorate de sodium chimique hautement inflammable comme herbicide contre le séneçon sous les conseils du ministère de l’Agriculture. Problème : le chlorate de sodium est un produit très volatil, particulièrement explosif lorsqu’il est mélangé à des matières organiques.
Or, à l’époque, de nombreux agriculteurs portaient des vêtements fabriqués à partir de matières organiques telles que la laine ou le coton. Une fois secs et exposés à de la chaleur (par friction, par exemple en montant à cheval ou en faisant des tâches agricoles), ces vêtements peuvent alors prendre s’enflammer très rapidement et parfois même exploser.
À l’époque, le ministère de l’Agriculture conseillait aux travailleurs de porter de tels vêtements amples de manière à ce qu’en cas d’urgence, ceux-ci puissent être retirés le plus rapidement possible (même si la combustion de la partie saturée du chlorate de sodium était quasi instantanée).