24/03/2022 Par acomputer 891 Vues

Nos vêtements-émotions

Catherine Joubert : Parce qu’il est à la frontière de l’intime et du monde social. Il est cette chose qui fait encore partie de nous – ne serait-ce que parce qu’on le choisit et l’habite – mais qui, en même temps, appartient déjà à l’extérieur. C’est cette position d’interface entre le monde et soi qui rend le rapport au vêtement si fertile. L’habit est destiné à porter un message à soi et aux autres.

Dans votre livre, vous évoquez l’importance du rapport mère-enfant, qui façonne nos comportements vestimentaires…

Sarah Stern : Oui, parce que le vêtement garde la trace des premiers soins portés au bébé, qui sont, le plus souvent, ceux de la mère ; à travers les tenues qu’elle lui choisit, la façon dont elle l’enveloppe, l’admire. Le psychanalyste Donald Winnicott disait bien que le regard de la mère était le premier miroir dans lequel l’enfant se voit… Il semble que dans notre façon de nous regarder dans le miroir avec telle ou telle tenue, il y ait une quête de ce premier regard sur nous.

Nos vêtements-émotions

La « boulimique de vêtements » qui témoigne dans notre livre l’illustre : elle achète des quantités de vêtements, mais à chaque fois, elle a le sentiment de ne pas avoir ce qu’elle cherche vraiment… et qui est, sans doute, ce regard aimant de la mère. Pourquoi ? Y a-t-il eu défaillance de cet amour maternel ? Ou quelque chose en elle ne lui a pas permis de l’intégrer ? Toutes les hypothèses sont possibles.