"On ne va quand même pas parler de règles ici" : La campagne qui dézingue le tabou des menstruations

22/04/2022 Par acomputer 774 Vues

"On ne va quand même pas parler de règles ici" : La campagne qui dézingue le tabou des menstruations

Pour la première fois en France, une marque de sous-vêtements menstruels débarque en affichage dans le métro et les rues de la capitale. Sa force ? Représenter l'ensemble des personnes menstruées, à travers des visuels percutants et 100 % inclusifs.

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Un soupçon de poils, une pincée de vergetures et une bonne dose de corps désexualisés. Pour sa toute première campagne d'affichage, placardée ce mercredi dans le métro et les rues de la capitale (et prochainement à Lyon), la marque de sous-vêtements menstruels MOODZ a tout misé sur l'inclusivité. Et ça fait du bien. Baptisée "On ne va quand même pas parler de règles ici", ses visuels colorés et percutants, réalisés par la photographe Lou Escobar (qui a déjà collaboré avec NEON), montrent des corps aux antipodes des standards imposés dans les lieux publics.

Pas de mannequins ultra-normés, lisses et photoshoppés dans des poses artificielles, donc. Pour cette campagne (la première en France à mettre en avant des culottes menstruelles), Caroline Briant, la fondatrice de la marque, a fait appel à des modèles représentant "l'ensemble des personnes menstruées". Comprendre : des mannequins de toutes les tailles, de toutes les origines et de tous les genres, avec des poils qui dépassent de la culotte (ou du boxer), un grain de peau parfois irrégulier, des bourrelets, des cicatrices... bref, des corps plus proches de la réalité, et que l'on pourra désormais admirer au détour d'une rue, en nous rendant au travail le matin.

Un sujet encore tabou en France

"Notre objectif principal est de permettre à toutes les personnes menstruées de se réapproprierleur corps en véhiculant une image plus juste, plus représentative des menstruations", explique Caroline Briant dans un communiqué de presse, en précisant qu'aujourd'hui encore, "plus de 40 % des femmes ont honte d’aller acheter des protections hygiéniques au supermarché". Et ce, malgré un début de libération de la parole autour des menstruations.

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Dernièrement, un sondage* Opinion Way pour Dans Ma Culotte sur la "réglophobie" enfonçait le clou. D'après lui, 55 % des Français·es jugent encore inapproprié de parler des règles en public. Un constat particulièrement vrai pour les plus de 65 ans, qui sont près de trois quarts (73 %) à le penser, ainsi que pour les 50-64 ans (61%).

D'où l'urgence de parler des menstruations dans l'espace public, non pas pour "choquer", mais pour normaliser un mécanisme biologique qui touche, chaque mois, plus de deux milliards d'êtres humains sur la Planète.

* Étude réalisée auprès d’un échantillon de 1051 individus représentatifs de la population française âgés de 18 ans et plus