Kimono et « yukata » : les vêtements traditionnels japonais
S’habiller dans les règles de la tradition
Le kimono est l’un des symboles les plus reconnaissables de la culture traditionnelle japonaise. Vêtement standard depuis les temps anciens, le kimono est aujourd’hui porté pour apporter formalité et élégance aux occasions spéciales.
Le kimono est généralement porté lors de la cérémonie du thé japonaise. (Photo : Greg Foster)
Alors qu’au quotidien les Japonais s’habillent avec des vêtements de style occidental, la coutume est d’opter pour un kimono pour les grandes occasions comme les mariages et les cérémonies de remise de diplômes, ou pour prendre part à des représentations artistiques traditionnelles comme la cérémonie du thé, la danse buyô, le spectacle kabuki et le théâtre nô. Le kimono sert également de vêtement de travail pour de nombreuses professions : prêtres shintô et bouddhistes, geisha et artistes traditionnels comme les conteurs de rakugo. On peut constater que le kimono conserve toujours une place importante dans la société japonaise.
Pendant une grande partie de l’histoire du Japon, le terme kimono désignait tous les types de vêtements. En effet, les kanji 着物 (ki-mono) signifient tout simplement « chose à revêtir ». Mais avec l’introduction des habits occidentaux au XIXe siècle, la signification du terme s’est limitée au style vestimentaire japonais. En particulier, le mot kimono désigne l’emblématique robe japonaise tombant jusqu’aux chevilles et tenu en place avec une ceinture obi nouée dans le dos.
Il existe une grande variété de kimono. Ils peuvent aussi bien être portés pour des ooccasions formelles que des évènements festifs ou saisonniers, comme le yukata qui est porté l’été. À l’exception du yukata, qui est en coton, les kimono sont généralement fabriqués à partir de matériaux naturels de haute qualité comme la soie, la laine et le lin, et nécessitent souvent un entretien spécial. Cependant, les progrès en matière de fibres synthétiques ont contribué à la production de kimono relativement faciles à entretenir et pouvant être porté sans soucis les jours de pluie.
Une tradition en déclin
Une enquête de 2011 a révélé que près de 80 % des hommes et des femmes au Japon ont porté un kimono à un moment de leur vie, mais moins de 40 % en possèdent un. La diminution d’occasions nécessitant le port d’un kimono est un des facteurs de cette tendance. La majorité des personnes sondées ont indiqué qu’elles portent un kimono moins d’une fois tous les cinq ans. Comme les occasions de porter un wafuku (autre terme pour désigner les habits japonais) diminuent, les services de location ont gagné en popularité. Ils permettent aux Japonais d’être habillés convenablement lors d’événements spéciaux sans avoir besoin d’investir dans l’achat d’une tenue complète.
Le wafuku est traditionnellement fabriqué à partir d’une seule longue pièce de tissu (tanmono) coupée en rectangles qui sont ensuite cousus ensemble. Cette manière de fabriquer un kimono le rend très facile à ajuster et redimensionner. Cela permet également de réutiliser le tissu d’un kimono. Ainsi, il est fréquent qu’un kimono soit transmis de génération en génération ; il est réajusté aux goûts du jour tout en conservant sa beauté et son style d’origine.
Différentes couleurs et motifs de tanmono.
Le wafuku aujourd’hui
Le prix d’un kimono dépend de facteurs tels que la qualité et le type de matériau, la teinture (sometsuke), les motifs (etsuke) et la broderie, et peut aller de 30 000 yens pour les moins coûteux à plusieurs millions de yens pour le haut de gamme. Il est livré avec une large panoplie d’accessoires qui sont coordonnés en fonction de l’évènement et du statut de la personne qui le porte. Un kimono de cérémonie tomesode généralement porté par une femme mariée est composé d’au moins 17 différentes pièces : sous-vêtements spéciaux, éventail repliable, sandales (zôri), sac à main, etc. L’un des accessoires les plus déterminants pour un kimono est le obi, qui peut changer l’impression générale de la mise en fonction de la façon dont il est noué.
À gauche : peigne et épingles à cheveux (kanzashi), sac à main, sandales (zôri). À droite : obijime, cordelette décorative pour maintenir un obi en place.
Un kimono en soie de plus de 100 ans. (Photo : fishy+.)
Traditionnellement, les enfants apprennent de leurs parents l’art de porter un kimono, mais aujourd’hui de plus en plus de personnes se tournent vers les écoles spécialisées pour apprendre les nombreux gestes nécessaires.
Cependant, il y a parmi les aficionados une demande croissante de kimono faits avec des techniques de couture à l’ancienne et des motifs originaux. On peut également noter que le nombre de magasins spécialisés est en hausse. Chez les jeunes générations, la mode est de porter des rubans, volants et autres accessoires non traditionnels avec leurs kimono pour ajouter une petite touche occidentale.
L’habit traditionnel d’été
Des femmes en yukata. (Photo : Carol Lin)
Il est commun de voir des personnes habillées en yukata et agitant des larges éventails appelés uchiwa lors d’événements estivaux comme matsuri, bon odori et les feux d’artifice. Ces kimono légers en coton sont aussi portés après être sorti du bain pendant les mois les plus chauds de l’année. Ils sont également portés la nuit, en particulier dans les ryokan, qui les fournissent à leur clientèle avec des serviettes. On estime que les yukata sont à l’origine des vêtements de bain utilisés par la classe aristocratique dans la période Heian (794-1185). Les yukata maintiennent toujours ce statut dans les auberges traditionnelles et les hôtels, où ils sont proposés généralement comme habit de chambre.
Un couple en yukata.
Comparés aux kimono formels, les yukata sont plus accessibles car ils sont relativement faciles à mettre, peu coûteux et lavables à la maison. Les prix varient d’un yukata à l’autre, mais on peut en trouver pour moins de 10 000 yens. Un sondage de 2013 a révélé que près de la moitié des femmes âgées entre 20 et 39 ans possède au moins un yukata.
Les yukata sont également prisés par les touristes qui les achètent comme souvenir de leur visite du Japon.
(Photo de titre : le furisode, kimono destiné aux femmes célibataires. Autres photos : Greg Foster / Carol Lin)