L’acteur Saïd Bogota révélé dans « Pattaya » jugé aux assises pour tentative d’assassinat Mont-Gargan, sous le bitume bientôt renouvelé, la vie d’un quartier rouennais à l’écart
Un après-midi de décembre 2018, une habitante de Saint-Chéron, en Essonne, découvre médusée en ouvrant sa porte un jeune homme couvert de sang, en sous-vêtements et cherchant du secours.
Grièvement blessé à la tête, souffrant de multiples brûlures, il est placé en coma artificiel.
À son réveil, il dévoile aux enquêteurs avoir été enlevé dans le garage automobile où il travaille en tant qu’apprenti, puis avoir été transporté en voiture dans une cave d’immeuble. Là, ses trois agresseurs lui font boire de l’acide chlorhydrique et le frappent.
Une voisine s’étonnant du bruit, les ravisseurs emmènent leur victime dans un champ, poursuit-il.
Des violences répétées
Il reçoit alors deux tirs de flashball à la tête, vraisemblablement à bout portant, du gaz lacrymogène au visage, des coups de clé à molette sur le crâne puis est aspergé d’essence avant d’être incendié. Ses déclarations sont confirmées par des examens médicaux.
Parmi les trois agresseurs, dont deux tout juste majeurs au moment des faits, l’adolescent reconnaît formellement l’acteur Saïd Bogota, 28 ans, qu’il désigne comme le commanditaire du guet-apens. « Il a vu ma tête, il me connaît, il faut le tuer », aurait crié Saïd Bogota pendant qu’il molestait l’adolescent, décrit ce dernier.
Lors de ses différentes auditions, le comédien a reconnu une partie des violences mais nié avoir voulu tuer. Il s’agissait juste de « mettre la pression » sur le jeune homme afin qu’il quitte sa petite amie, une ex-compagne de Saïd Bogota.
Actuellement en détention provisoire, l’acteur au casier judiciaire vierge doit comparaître pour enlèvement, séquestration et tentative d’assassinat, aux côtés de trois autres hommes.
« Dans ce dossier, l’intention d’homicide sera au cœur des débats, ainsi que la personnalité particulièrement intéressante de cet acteur très apprécié du grand public », analyse son avocate, Me Sarah Mauger-Poliak, pour l’AFP.
Les jurés devront également déterminer la responsabilité de chacun dans les sévices infligés à la victime, les versions des accusés ne concordant pas.
Le verdict est attendu en début de semaine prochaine.
Dimanche, Septembre 12, 2021 - 12:14
Situé à l’est de Rouen, niché sur un flanc de la colline Sainte-Catherine, le quartier du Mont-Gargan fait un peu figure d’oublié à Rouen. Malgré une absence de commerces, ses habitants s’y sentent bien. Seul hic : l’état de la voirie. La mairie a justement prévu de la rénover.
« Les gens ont ce sentiment, pas forcément inexact, d’être abandonnés, d’être laissés pour compte dans le cadre des grands travaux. » Ainsi parle Pierre-Yves Rolland, conseiller municipal de Rouen délégué au secteur Est à propos du Mont-Gargan, ce quartier niché sur un flanc de la côte Sainte-Catherine. Une situation qui n’est pas pour déplaire à Anis, ce père de famille d’origine danoise âgé de 45 ans, croisé non loin de l’école Jules-Ferry. « C’est vrai que le seul commerce du quartier, la boulangerie, a fermé il y a quelques années, mais c’est tellement facile d’arriver place Saint-Marc. On est très bien desservi par les bus », estime ce cycliste travailleur nocturne. Un avis pas partagé par Ajjabi, 30 ans, père de 4 enfants et tunnelier la semaine à Paris où il dort parfois. Il pointe un parc public, le seul du quartier, trop petit et dont certains jeux seraient dangereux.
De la mixité mais pas de commerce
« À 4 heures, tout le monde se rue sur le parc », confirme la directrice de l’école maternelle qui accueille 91 enfants (l’école élémentaire en compte 120), mais pour qui le Mont-Gargan est le « meilleur quartier de Rouen », avec son esprit de village. « Un enseignant remplaçant de l’école, qui a écumé beaucoup d’école à Rouen, m’a dit que c’est au Mont-Gargan qu’on trouve le plus de mixité sociale. c’est un des rares endroits à Rouen où on a encore de la mixité sociale », abonde Pierre-Yves Rolland. En attendant pour Ajjabi, installé dans un logement social, les commerces manquent. « Je suis obligé d’aller à Saint-Sever. » « C’est dommage qu’il n’y ai pas au moins une boulangerie », reconnaît la directrice. Actuellement, un boulanger vient vendre son pain à la MJC tous les vendredis.
La voirie au cœur des attentions
Sur l’état de la voirie par contre, c’est la convergence. « C’est une catastrophe pour les piétons », juge une enseignante de l’école, arrivée récemment. « Quand les voitures sont garées, on ne peut pas passer avec une poussette ». « La voirie est à revoir partout, quasiment toutes les sections les plus empruntées », confirme Pierre-Yves Rolland, qui indique qu’elle va faire l’objet de travaux notamment les rues de Repainville, du Progrès, Annie-de-Penne et celle du Mont-Gargan. « Les trottoirs ne sont pas assez larges, mais pour les refaire il faut supprimer des places de stationnement. On veut faciliter les mobilités douces, et de plus en plus de monde utilise le vélo, il faut en tenir compte. »
Le parc rénové, l’école en attente
La route menant au panorama Sainte-Catherine, sans trottoir, voit passer beaucoup de véhicules, sources de nuisances sonores et d’insécurité. « Tout cela nécessite des échanges et des concertations. Les problématiques sont multiples, on avance aussi vite qu’on peut », poursuit-il. Le parc pour enfants va être rénové. L’école a aussi besoin d’une rénovation thermique mais « elle est encore en attente d’arbitrage parmi 130 bâtiments municipaux ».
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Par Sylvain AUFFRET