Cannabis : comment la police judiciaire mène la traque

26/07/2022 Par acomputer 706 Vues

Cannabis : comment la police judiciaire mène la traque

Les Pays-Bas n'en sont pas à une contradiction près. Ils exportent sans complexe leurs graines de chanvre… tout en diffusant leurs techniques d'enquête pour débusquer les centres de production cannabique. À la Direction centrale de la police judiciaire, à Nanterre (Hauts-de-Seine), le savoir-faire des agents des Stups fera bientôt l'objet d'une large diffusion au sein des commissariats et des gendarmeries, sous la forme d'un «Guide de l'enquêteur sur la culture de cannabis en intérieur». Histoire de diffuser aux «collègues» les bons réflexes. C'est que cette culture laisse une «signature».

La plante réclame entre 20 et 28°C pour pousser, et de l'eau à profusion. Pour la débusquer, l'idéal est de disposer en hiver d'un hélicoptère avec caméra infrarouge. Il saura détecter les entrepôts étrangement chauffés, alors qu'ils sont censés être désaffectés ou contenir des produits froids, comme du bois ou du ciment. La police peut également éplucher les factures d'eau et d'électricité transmises aux propriétaires des hangars ou des pavillons louches. Car les lampes au sodium, indispensables à la croissance des plants, mais aussi les ventilateurs utilisés pour aérer les salles de production, consomment énormément. À Tignes, récemment, un cannabiculteur en appartement a été trahi par ses excès de kilowatts. Autre méthode: surveiller les poubelles des zones industrielles. Car du chanvre, on ne vend que les sommités florales, celles qui concentrent la substance psychotrope. Le reste, soit 90% de la plante, n'est pas conservé, «même si certains trafiquants utilisent des déchets de feuilles et de tiges pour couper le produit et augmenter ainsi leur bénéfice», explique un commandant de police.

Tout le matériel sur Internet

La traque policière se fait aussi sur Internet, où les trafiquants trouvent leur matériel: lampes, ventilateurs, engrais, et graines, bien sûr. Pas moins de 400 «growshops» sont hébergés en France, sous couvert d'inoffensives activités de jardinage. Aux Pays-Bas, le site Sensi Seed fait l'apologie de sa «banque de cannabis» dans toutes les langues. On y vend des chambres de culture ventilées, semblables à des porte-vêtements, des «boosters de floraison» et même de quoi apprendre à «cultiver avec la Lune», pour optimiser la pousse selon le calendrier lunaire. De la «shiva shanti» à 20 euros les dix graines, à la «Marley's collie», à 120 euros, «variété de ganja que célèbre le génial Bob Marley», la banque propose des centaines de variétés. Et même des produits dérivés: casquette, tee-shirt, cartes à jouer. Le tout sera livrable en colis express, dans le monde entier. Des sites de «jardinage» à peine moins explicites «poussent» de Saint-Laurent-du-Var à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Et la cyberpolice engrange les informations sur ceux qui s'y connectent pour y faire leurs emplettes. Avec toutefois ce handicap à surmonter: en France, se faire livrer ces graines de paradis artificiel n'est pas une infraction pénale, tout juste une entorse aux règles administratives qui protègent l'agriculture tricolore…

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