23/09/2022 Par acomputer 669 Vues

Libre et vacciné Et vous ?

La carotte et le bâton. Emmanuel Macron n'y est pas allé de main-morte lundi soir dans son allocution du 12 juillet. Vaccinez-vous ou apprêtez-vous à vivre une vie de m..., voilà en substance le message subliminal adressé par le président. Reçu cinq sur cinq puisque dans les minutes qui ont suivi, des centaines de milliers de non-vaccinés ont saturé Doctolib et autres applications pour recevoir le précieux sérum.L'auteur de ces lignes avait, avoue-t-il humblement, anticipé de quelques heures l'ordre élyséen. Rendez-vous pris lundi 15h00, piquouze mardi 17h00. Ayant eu le Covid (costaud!) en mars-avril 2020, j'y suis allé avec un test sérologique montrant que j'avais encore beaucoup, vraiment beaucoup, d'anticorps. Pour le médecin qui me reçoit, ce n'est pas une contre-indication, mais justifie de ne recevoir qu'une seule dose pour obtenir le fameux et désormais indispensable pass sanitaire. Indispensable dès ce 21 juillet et surtout ce 1er août pour accéder, dans des conditions encore mal définies, au droit de vivre, de me déplacer, de prendre un verre.Bilan : l'honnêteté m'oblige à l'avouer, j'ai dégusté. Fièvre, deux jours, courbatures et autres désagréments. Mais franchement, face aux variants existants et à venir, et ayant l'expérience (à ne jamais revivre SVP) du « vrai » Covid, je suis bien content d'être vacciné. Chacun doit être libre de ses choix, certes. Mais quand on combat un tel ennemi, quand on mesure le mal qu'il a fait, quand on aime la vie, ses enfants, ses proches, son pays, le calcul est vite fait, la balance bénéfice-risque penche en faveur du vaccin et de la confiance en la science. Au pays de Pasteur et des Lumières, cette rationalité ne mérite pas que l'on se divise pour une piqûre de rien du tout. Le reste du monde regarde d'ailleurs la France et ses antivax avec perplexité, alors que tous les pays pauvres rêvent d'accéder au vaccin.Pour Emmanuel Macron, cette ruée vers la vaccination est un bon signe. Le président se sent conforté dans une ligne dure, pour se débarrasser au plus vite de l'épidémie et retrouver le rythme des réformes qui constituent son ADN. Entre le discours de mobilisation du 12 juillet, suivi d'un beau défilé le 14 juillet, puis d'une étape dans ses Pyrénées familiales pour suivre le tour de France, Emmanuel Macron tente une échappée estivale, raconte Marc Endeweld dans sa chronique hebdomadaire Politiscope. Pour le chef de l'Etat, « l'immobilisme serait synonyme d'échec et mat, quel que soit son adversaire », écrit-il. Ce n'est pas la visite, la première d'un président français, dans le sanctuaire de Lourdes (la ville touristique la plus martyrisée de France par la crise sanitaire) qui le contredira. Macron aura-t-il eu une vision mariale à Lourdes, seul l'avenir le dira ?Quoi qu'il arrive, il aura besoin de tous les soutiens car la crise sanitaire n'est hélas pas terminée. Mr @covidtracker, Guillaume Rozier, le data scientist qui est devenu célèbre en lançant l'application Vite Ma Dose le dit à notre journaliste Marie Lyan, « La quatrième vague épidémique est déjà arrivée ». Avec près de 50 millions de prises de rendez-vous de vaccinations initiées sur sa plateforme chargée d'agréger les rendez-vous, le savoyard a lui aussi enregistré un pic de connexions depuis lundi soir. Disponibilité des vaccins, quatrième vague, enseignements par les chiffres... Le fondateur de Vite Ma Dose revient sur les dernières données de l'épidémie.En tout cas, l'été s'annonce compliqué, surtout pour les non-vaccinés. Avec le renforcement des mesures anti-Covid-19 et le pass sanitaire rendu obligatoire dans les transports dès le 1er août, faire gagner du temps lors des contrôles pour fluidifier la circulation est devenu un enjeu business pour Air France. Pour ses clients, la compagnie aérienne lance « Ready To Fly », un service en ligne qui permet de renseigner ses données sanitaires en amont du vol et d'arriver à l'aéroport en ayant la certitude de pouvoir voyager. Face aux mêmes risques de congestion, la SNCF réfléchit à un dispositif similaire. C'est qu'à l'imprévisibilité du virus et du variant Delta répond celle des pays : c'est seulement sous la pression de l'Union européenne que Malte a dû renoncer à fermer ses frontières aux personnes non vaccinées contre le Covid-19, leur imposant en revanche une quarantaine. Une telle mesure était contraire aux règles européennes, avait rappelé la Commission. Autre solution radicale, celle choisie par la ville d'Etretat : dissuader les touristes de venir en trop grand nombre. Il faut dire que le succès planétaire de la série Netflix inspirée d'Arsène Lupin avec Omar Sy précipite des milliers de visiteurs sur l'écosystème fragile des falaises de la ville normande, déjà sur-fréquentée. Faudra t-il « démarketer » la destination pour la préserver du tourisme de masse ? La question est à l'ordre du jour, relève Nathalie Jourdan.En cas d'aggravation de la quatrième vague, des mésaventures estivales sont à craindre pour les vacanciers imprévoyants. Mais pas de quoi remettre en cause l'optimisme sur la reprise. Le gouvernement s'est finalement résolu à revoir à la hausse sa prévision de croissance du PIB pour 2021 à 6% contre 5% auparavant. Un pari risqué à un moment où les indicateurs sanitaires s'affolent, interroge Grégoire Normand. Macron, lui, est déjà dans le monde d'après... Prêt à « enjamber 2022 », il veut déjà tracer la France de 2030 avec un grand plan d'investissement dans les technologies d'avenir. Celles qui, notamment, n'ont pas permis au pays de Pasteur de proposer un vaccin, mais qui préparent au monde décarboné de demain.Car, s'il restera un événement de la semaine écoulée dans l'histoire, ce sera bien plus sûrement le paquet climat présenté mercredi 14 juillet par la Commission européenne. Un plan choc pour le climat dont Bruxelles doit "convaincre qu'il est équitable" pour éviter des "résistances massives ». Ce plan propose une panoplie de mesures pour atteindre l'objectif de réduction des émissions nettes de gaz à effet de serre (GES) d'au moins 55% d'ici à 2030. Le principal danger est social. on a vu l'impact de la taxe carbone en France avec l'apparition du mouvement des Gilets Jaunes contre la hausse de la taxation des carburants. Cette fois, il est aussi question de s'attaquer au chauffage individuel. Explosif !

« Taxer les ménages serait une erreur politique », souligne le député européen Pascal Canfin, président (Groupe Renew) de la commission de l'Environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire au Parlement européen, qui explique à Olivier Mirguet les enjeux de ces réformes. Jamais contentes, plusieurs ONG environnementales ont vivement critiqué certaines des mesures proposées, malgré desavancées. Une désapprobation également affichée par les compagnies aériennes et les constructeurs automobiles, directement visés par le plan, pour des raisons toutes autres.

Libre et vacciné Et vous ?

L'un des objectifs de la « taxe carbone aux frontières » est clairement de rétablir un champ de concurrence équitable dans la mondialisation, avec la Chine notamment. Mais la taxe carbone aux frontières européennes va-t-elle faciliter les relocalisations ? Pas si simple, explique Marine Godelier. La guerre du CO2 aura-t-elle lieu ? Face à une Europe moins naïve prête à user de l'arme du carbone pour lutter contre la concurrence déloyale, la Chine lance son propre marché carbone. Le pays le plus pollueur au monde, qui annonce la neutralité carbone pour 2060, dix ans après le reste du monde, a lancé vendredi son propre marché d'échanges de quotas de CO2, afin de l'aider à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Mais les observateurs sont pour l'instant dubitatifs quant à l'impact du nouveau système. En effet, il ne devrait couvrir qu'une part modeste des émissions chinoises, et générer un prix du carbone faible, qui ne serait pas dissuasif pour les producteurs.

En attendant, les acteurs clés de la transition écologique accélèrent. Juliette Raynal a rencontré Helle Kristoffersen, directrice de la stratégie et de l'innovation chez TotalEnergies. Le groupe « vise le top 5 mondial des producteurs d'électricité verte »,assure-t-elle. Solaire, éolien terrestre, offshore, gaz naturel, hydrogène propre, capture et stockage du carbone, batterie... TotalEnergies défend sa transformation en société multi-énergies, alors que les associations environnementales et certains de ses actionnaires jugent la société trop lente et critiquent sa volonté de poursuivre l'exploration de nouveaux gisements pétroliers. Le transport est le secteur le plus directement impacté par les décisions de Bruxelles. Le plan climat européen devrait logiquement déboucher sur une accélération des investissements dans la voiture électrique. Mais là aussi, à l'intérieur même de l'Europe, c'est la course. Nabil Bourassi explique comment la France s'est fait prendre de vitesse par l'Allemagne. Autrefois pays pionnier de la voiture électrique, l'Hexagone semble subir de plein fouet l'accélération de l'agenda réglementaire imposé par Bruxelles sur la voiture électrique. Le revirement brutal de Berlin, jadis allié, pour freiner les ambitions bruxelloises, met Paris sur la défensive. Pour autant, la France garde de sérieux atouts pour un rebond rapide.Pour accompagner le déploiement des véhicules électriques sur les routes du Vieux continent, la Commission européenne prévoit des stations de recharge tous les 60 km sur les grands axes routiers et cible 3,5 millions de points de recharge en 2030. Mais est-ce vraiment possible, demande Juliette Raynal. Au rythme actuel, on est loin des 100.000 bornes publiques prévues rien que pour la France. Autre secteur impacté par la transition, le logement. Et là, bonne nouvelle, relevée par César Armand, MaPrimRenov', cela marche. « L'objectif de 500.000 rénovations par an est en passe d'être explosé », selon l'Agence nationale de l'habitat. Malgré la complexité du dispositif, son président Thierry Repentin témoigne de son « optimisme » dans la lutte contre les passoires thermiques.La semaine a aussi été marquée par le premier vol touristique sub-orbital avec le milliardaire Richard Branson. L'occasion, au-delà des vaines polémiques sur le bilan carbone de ce tourisme pour millionnaires, de rappeler l'importance de l'espace pour la lutte contre le réchauffement climatique. « Les enjeux économiques et sociétaux de l'espace sont énormes » a expliqué à Michel Cabirol le Général Michel Friedling commandant du Commandement de l'Espace, qui a organisé pour la première fois en Europe un premier hackaton sur le thème du spatial de défense. La France reste la nation pionnière en Europe sur tous ces dossiers. A Toulouse, Florine Galéron a rencontré les dirigeants de la startup Loft Orbital, née à San Francisco, qui a installé dans la Ville rose une salle de contrôle et des bancs de tests pour suivre 24h/24 ses premiers satellites envoyés en orbite fin juin. Pionnier du covoiturage spatial, Loft Orbital compte déployer à terme une constellation d'une centaine de satellites de services partagés.Pour rappel, La Tribune organise une tournée sur les villes « Zéro Carbone » dans huit villes françaises, dont la première s'est tenue à Nantes, en attendant Marseille, Lyon, Toulouse et d'autres dont Paris en fin d'année. Dans la ville dont la maire socialiste Johanna Rolland a été réélue, la lutte contre le réchauffement climatique amène de nouveaux modes de vie. Retrouvez ici le replay de l'événement qui s'est déroulé le 8 juillet au Musée d'Arts de Nantes.

Philippe Mabille

11 mn

Partager :