Comment s'habiller de manière écologique ?

15/12/2022 Par acomputer 591 Vues

Comment s'habiller de manière écologique ?

Nous négligeons trop souvent les impacts environnementaux de nos vêtements, pourtant bien réels. Souvent contradictoires, la mode et le développement durable ne sont pourtant pas inconciliables. Cela nécessite bien sûr des changements dans nos modes de consommation : par exemple, acheter moins d'articles mais de meilleure qualité. Pour s'habiller de manière éco-citoyenne, et savoir notamment quels textiles choisir, il y a plusieurs petites choses à savoir.

Quel est l'impact de mes vêtements sur l'environnement ?

Trop de personnes l'ignorent : la culture et le traitement (pour user, teinter, délaver, broder le vêtement) de certaines fibres sont très polluants, car ils nécessitent l'emploi de matières chimiques telles que le chlore. Et ceci persiste pendant les lavages et lors de la fin de vie de l'habit. De plus, la fabrication de vêtements peut être très énergivore. C'est donc à nous, consommateurs, de faire les bons choix vestimentaires et d'opter pour les habits dont la fabrication impacte le moins possible la planète.

Or, c'est aujourd'hui très difficile pour le consommateur de minimiser son impact et de s'y retrouver, suivez le guide, nous vous aidons !

Quels sont les labels écologiques fiables pour les vêtements ?

Face à la multiplication des labels, l'ADEME a réagi en publiant sur son site Internet une liste de labels fiables. En voici quelques uns :

L'écolabel européen la « Fleur »

Le logo de cet écolabel garantit que les produits fabriqués respectent des normes environnementales strictes (pollution limitée de l'eau et de l'air lors de la production, peu de réactions allergiques), sans sacrifier la qualité des vêtements (résistance des couleurs au lavage, au frottement et à la lumière, résistance au rétrécissement pendant le lavage et le séchage).

La certification Oeko-Tex

Reconnaissables au label « Confiance textile », les produits certifiés Oeko-Tex ne présentent aucun danger pour la santé (pas de polluants dans des proportions nocives). L'association internationale Oeko-Tex qui regroupe 14 instituts de recherche et de contrôle textile est responsable des contrôles indépendants sur les matières nocives.

L'écolabel Nordic Swan (Le Cygne Blanc)

Ces textiles respectent des normes strictes en matière d'environnement, de santé et de qualité : fibres végétales issues de l'agriculture biologique, interdiction/limitation de certaines substances dangereuses, limitation des rejets polluants dans l'eau, limitation des consommations en eau et en énergie.

Ces trois labels sont les plus fiables pour des textiles respectueux de l'environnement.

Qu'est-ce que la mode « éthique et bio » ?

Inspirée du modèle du commerce équitable, la mode éthique et bio implique elle aussi de réelles préoccupations environnementales et sociales. Elle tente de réduire les impacts à toutes les étapes de la production, via notamment le recours à des matières renouvelables biologiques (coton, lin, bambou, chanvre) ou des matières recyclées. Elle emploie des modes de fabrication économes en eau et en énergie. Elle n'utilise pas de matières premières animales telles que le cuir ou la fourrure.

La mode éthique et bio respecte bien sûr les principes du commerce équitable : interdiction du travail des enfants, application d'une charte minimum de droits sociaux afin de respecter les droits des salariés, etc. Ce type de commerce rétribue au juste prix les producteurs.

Comment choisir un vêtement à faible impact environnemental ?

Les labels et certifications sont là pour vous aider dans vos choix. Pour le choix de votre jean, vous pouvez utiliser l'outil de calcul de l'ADEME, qui montre les impacts associés au choix du jean (type de textile), aux modalités d'entretien, à la durée de vie, au traitement en fin de vie... Ainsi, plus le jean est sophistiqué (aspect « vieilli » c'est-à-dire artificiellement délavé ou usé, pailleté, etc.) et plus il entraîne des pollutions et une surconsommation des ressources naturelles.

Le consommateur peut réduire l'impact environnemental de son jean : il peut par exemple le porter cinq fois plutôt que trois fois avant de le laver, le nettoyer dans une machine économe en énergie, et à basse température, et le laisser sécher à l'air libre en évitant de le repasser.

Quelle fibre végétale privilégier pour l'achat de mes vêtements ?

Entre publicité mensongère et idées reçues, difficile d'opter pour les bonnes matières premières et de savoir quel vêtement respecte le plus la planète.

Il existe trois types de fibres : naturelles, artificielles et synthétiques.

Les fibres naturelles

Comment s'habiller de manière écologique ?

Les fibres naturelles sont d'origine végétale (coton, lin, chanvre, ortie, etc.) ou animale (laine, soie). Leur transformation en fibre est essentiellement mécanique. Ensuite elles peuvent être traitées chimiquement.

Les fibres artificielles

Les fibres artificielles sont produites à partir de ressources naturelles (cellulose) mais par des procédés chimiques de transformation. Par exemple, la viscose, le lyocell, le modal sont produits à base de cellulose de bois. L'inconvénient principal : ces fibres ont besoin de beaucoup d'eau pour être transformées.

Les fibres synthétiques

Enfin, les fibres synthétiques (polyester, nylon, acrylique, élasthanne...) sont produites à partir du pétrole, ressource non-renouvelable. Leur impact environnemental est considérable. Leur production demande une grande quantité d'énergie pour être produites et la filière recyclage est encore peu développée.

Les fibres naturelles semblent donc préférables, bien qu'elles ne soient pas toujours parfaitement « bio ». Pour quel textile opter ? Voici quelques éléments à garder en tête avant de choisir ses vêtements :

Le coton : un désastre pour l'environnement

Aujourd'hui, il se vend 2 milliards de jeans par an, l'écrasante majorité étant en coton. Or, cette plante est très gourmande en eau (la production d'un tee-shirt nécessite 25 000 litres d'eau). Au Kazakhstan et en Ouzbékistan, la mer d'Aral s'assèche progressivement, notamment à cause des quantités phénoménales nécessaires pour irriguer les cultures.

Le coton est la culture la plus polluante du monde : elle utilise un quart des insecticides produits par l'humanité, pour 2,4% de la surface mondiale cultivée. Un tee-shirt nécessite 140 g de pesticides et d'engrais chimiques et émet 5,2 kg de CO2 (autant que 27 km en avion). Les pesticides utilisés polluent les nappes phréatiques et intoxiquent les travailleurs : selon l'OMS, la culture du coton tue 22 000 travailleurs par an. La culture conventionnelle du coton est donc catastrophique au regard du développement durable.

La suite du processus est tout aussi polluante, puisque le coton est traité à trois reprises : pour le blanchir (généralement avec du chlore), pour le teindre (teintures à base de métaux lourds tels que le chrome, le plomb...) et pour faire les finitions : traitements pour rendre le tissu brillant, infroissable, etc. (produits chimiques cancérigènes : cyanure, etc.)

Sur le marché, les dégâts continuent : les subventions accordées aux grands producteurs américains font baisser le cours du coton et mènent à la ruine les petits producteurs d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique Latine.

Le coton biologique : oui, mais...

Le coton biologique est une tentative de réponse au désastre pour la santé et l'environnement causé par la culture de coton conventionnelle. Il est cultivé selon les principes de l'agriculture biologique : les agriculteurs ont recours à des insecticides naturels et des techniques de lutte biologique[1]. Les OGM sont interdits, les récoltes sont manuelles et la technique de la rotation des cultures permet de ne pas trop appauvrir les sols.

Toutefois, bien souvent, seule la fleur de coton est bio, pas le vêtement. Dans ce cas, une fois récolté, ce coton subit lui aussi des traitements chimiques. La mention « coton bio » ne garantit donc pas que le produit fini soit bio.

Comment faire dans ce cas ? Les labels Ecocert et Eko-Gots garantissent un procédé de production lui aussi biologique : les produits chimiques toxiques (soude caustique, ammoniaque, résines synthétiques, chlore...) sont remplacés par des produits naturels (amidon de manioc, savon, etc.), des procédés mécaniques ou enzymatiques. Toutefois, la culture véritablement bio ne représente aujourd'hui qu'à peine 1% du coton produit dans le monde.

Reste un problème non résolu, celui des textiles colorés. Les teintures chimiques comportent des métaux lourds, des allergisants, des produits cancérigènes... Les teintures végétales ont du mal à s'imposer, à cause d'une moindre tenue des couleurs. Pour parer (partiellement) ce problème, certaines marques ont choisi d'avoir recours à des teintures chimiques respectant la norme Oekotex (cf. « Quels sont les labels fiables ? »).

La Better Cotton Initiative : généraliser la production de « coton meilleur »

Considérant toutes les difficultés à garantir une fabrication écologique des vêtements en coton et une parfaite transparence pour le consommateur, l'ONG Better Cotton Initiative (BCI) a réuni tous les acteurs de la filière pour rendre le processus de production plus responsable, du paysan au géant de la distribution. Les critères sont un peu moins exigeants que ceux de l'agriculture bio. En effet, la BCI prend en compte les réalités de la culture du coton et s'efforce de ne pas être trop restrictive : l'industrie mondiale du coton implique un très grand nombre de petites fermes (environ 80% des fermes). Dans le monde, 300 millions d'agriculteurs et d'ouvriers agricoles travaillent à cette production, et la culture est très, très gourmande en eau. L'ONG collabore donc avec les fermes pour mettre en place de nouvelles techniques d'irrigation qui permettent de réduire la consommation d'eau de 40%.

L'ONG espère produire 300 000 tonnes de « better cotton » en 2012, en impliquant 100 000 cultivateurs dans le monde entier. Soutenue par plusieurs géants de l'habillement et du textile (Gap, H&M, Levi Strauss, Adidas, Nike, IKEA, etc.), la petite ONG basée en Suisse s'efforce de rendre la production de coton plus durable et plus responsable. Cultivé par des paysans d'au moins 18 ans, dans des conditions respectant les principes de l'Organisation Internationale du Travail (OIT), le coton utilise un minimum d'eau et de pesticides. Un bémol toutefois : la culture du coton OGM est tolérée, le programme se limitant à informer les paysans sur cette technologie. De plus, l'ONG n'intervient pas dans la fixation des prix de vente. Le coton est vendu sur un marché ouvert, souvent à des prix plus élevés que le coton classique.

Début 2011, seulement 65 000 paysans étaient membres du programme et cultivaient 245 000 hectares de coton (au total, on comptait dans le monde 33,3 millions d'hectares de coton en 2007-2008) suivant les méthodes recommandées. BCI espère convaincre d'autres cultivateurs de rejoindre le réseau pour généraliser la production de « better cotton ».

Le logo BCI permet de reconnaître les vêtements utilisant ce coton. Attention, si ce coton est de meilleure qualité que le coton classique, il ne faut toutefois pas le confondre avec du coton bio, et se méfier des campagnes de communication des géants de l'habillement.

Le lin et le chanvre : des matières prometteuses

Ces matières utilisées depuis des millénaires rencontrent un regain d'intérêt avec le développement durable.

Le lin

Le lin n'est pas réellement « bio » mais ses impacts environnementaux restent nettement inférieurs à ceux d'autres fibres. Ainsi, il nécessite 5 fois moins d'engrais et de pesticides que le coton et n'a pas besoin d'irrigation. Sa transformation en fibres est un procédé mécanique, qui ne demande ni eau ni solvants. Le lin peut en revanche recevoir quelques traitements à base de produits chimiques (pour que le tissu ne se froisse pas, par exemple). En tant que vêtement, le lin est un excellent isolant thermique : il tient chaud en hiver et il est rafraîchissant en été. Il est aussi anti-allergique et anti-bactérien.

Le chanvre

Le chanvre est une plante qui pousse très rapidement : en quelques mois, elle peut atteindre jusqu'à 6 mètres de hauteur. Elle est robuste et peut donc se passer de pesticides. Toutefois, la transformation du chanvre en fibre est longue et peu rentable, ce qui explique le prix élevé de ces textiles. Le tissu est très solide et confortable : anti-bactérien, isolant en hiver, frais en été et très absorbant.

L'ortie : elle gagne à être (re)connue

Autrefois utilisée pour fabriquer des cordages, des fils et même des vêtements, l'ortie offre une alternative intéressante au coton. Presque partout dans le monde, l'ortie a été remplacée, mais en Himalaya, l'usage a perduré jusqu'à aujourd'hui.

Aujourd'hui, l'ortie intéresse de nouveau l'industrie textile car elle présente beaucoup de qualités écologiques. En effet, la tige de l'ortie est une fibre textile d'excellente qualité : naturelle, légère et solide. Sa fibre est creuse, elle emprisonne donc l'air dans le tissu, ce qui lui donne d'importante propriétés d'isolation thermique : elle protège du froid comme du chaud. De plus, la culture de l'ortie ne nécessite pas d'irrigation, ni de produits polluants car c'est une plante vivace[2].

La marque néerlandaise Netl (anciennement Brennels, du nom de la ferme d'où sont issus les produits) est spécialisée dans les vêtements respectueux de l'environnement. Elle propose ainsi des jeans écologiques à base d'ortie, mélangé à du coton ou du lin bio, de la laine... Les orties, non urticantes, sont cultivées à côté de l'entreprise. Après la récolte estivale, on enlève les feuilles et on obtient une sorte de paille, rapidement broyée et prête à être utilisée pour fabriquer des fibres. Pour l'heure, les jeans aux orties coûtent la modique somme de 230 euro. Toutefois, le prix devrait baisser lorsque cette technique de production se popularisera.

Le bambou : se méfier des apparences !

De plus en plus fréquent, le bambou a été présenté comme le matériau écologique par excellence, alors que le coton était critiqué. Cette étiquette est-elle méritée ?

Il est vrai que contrairement à d'autres fibres naturelles, le bambou est rapidement produit (plus d'un mètre par jour). Sa culture nécessite quatre fois moins d'eau que le coton, et surtout, ne demande pas de pesticides ou d'engrais car il est naturellement résistant, voire envahissant (ce qui peut poser des problèmes en termes de biodiversité). Le bambou permet de lutter contre l'érosion des sols.

Ainsi la culture de bambou semble nettement plus intéressante que celle du coton en termes d'impacts environnementaux. Toutefois, les choses se gâtent à partir du traitement des fibres. Le textile en bambou est soyeux et infroissable : c'est la viscose qui donne cet effet. Or, il s'agit d'une fibre artificielle obtenue chimiquement par la transformation de la cellulose des végétaux. Le procédé qui permet de l'extraire est polluant car il nécessite l'emploi de produits chimiques dangereux pour l'environnement et la santé (soude caustique, disulfure de carbone...) De plus on ajoute à la viscose de l'ammonium quaternaire pour éviter la prolifération de bactéries, or les tissus sont en contact direct avec la peau.

Ainsi, bien qu'à première vue le bambou paraisse plus écologique que le coton, la production de textiles en bambou nécessite pour l'heure une grande quantité de produits chimiques polluants. À savoir : il existe aussi du lyocell de bambou, une matière proche de la viscose et moins polluante (récupération des solvants, meilleure gestion des eaux usées).

Un élément à ne pas oublier : le transport

L'empreinte écologique d'un vêtement ne dépend pas seulement de la matière première utilisée et de son procédé de fabrication. La question de son transport est primordiale, car plus le vêtement voyage, plus sa consommation d'énergie est grande. Il est donc préférable d'acheter des articles fabriqués près de chez nous. Et ce n'est pas chose aisée ; d'après l'INSEE, en 2006, une dépense de 100 euros en articles d'habillement et de cuir se décompose en 37 euros d'articles importés (contre 2 euros en 1960) et en 27 euros d'articles produits en France (contre 73 euros en 1960). Le reste correspondant aux marges commerciales et au transport. Les importations françaises de vêtement ne cessent de croître depuis les années 60 : en témoigne le fameux « made in China »...

Notes

  1. La définition officielle (de l'OILB-SROP) stipule que la lutte biologique est « l'utilisation d'organismes vivants pour prévenir ou réduire les dégâts causés par des ravageurs ». L'homme exploite à son profit une relation naturelle entre deux êtres vivants, ce qui lui permet d'éliminer un organisme indésirable, ravageur d'une plante cultivée.
  2. Une plante vivace est une plante qui vit au minimum deux ans. C'est une plante herbacée qui résiste aux mauvaises conditions météorologiques : gel de l'hiver ou sécheresse des étés caniculaires. Elle survit grâce à la souche restée dans le sol, même si ses feuilles sont mortes.

Sources
Auteur

Anaelle7 / notre-planete.info

Droits de reproduction du texte

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Citer cet article

Comment s'habiller de manière écologique ? ; 27/12/2012 - www.notre-planete.info

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