29/04/2022 Par acomputer 746 Vues

Laisse traîner ton slip

«Ma guitare est en or», chantait le très regretté Johnny. Qui aurait pu rajouter, s'il était encore parmi nous, et «mon sliiip est en argent», car voilà, c'est fait : une start-up danoise, basée à Copenhague et montée en 2015 par quatre jeunes gens pleins d'allant – Organic basics, marque de vêtements durables qui proclame (accroche-toi à ton boxer) détester les prix excessifs, les normes médiocres de l'industrie de la mode et entend relever le niveau de qualité des matériaux, de lieux de travail et promouvoir un modèle commercial durable, rien que ça–a décidé de lutter contre le gaspillage d'eau et de ressources de la planètentraindemourir à sa manière. Et oui, ça implique de l'argent, on y vient. Au menu, des calbutes, mais aussi des culottes, des soutiens-gorge et des tee-shirts traités avec une technique particulière qui leur permettrait (on n'a pas testé, d'où le conditionnel) d'être très peu lavés tout en restant propres sur soi et sans puer.

Voilà qui devrait ravir les jeunes (et les moins jeunes d’ailleurs, on en connaît), puisque ces sous-vêtements, de facture classique à première vue, n’auraient besoin que d’être lavés quelques fois par mois. Ça devrait ravir aussi les partisans des tissus intelligents, anti-coups de soleil, anti-allergie, anti-transpi, aux performances thermiques, voire amaigrissants, bons pour la circulation, imperméables, etc.

Et comment ne plus laver sa culotte tous les jours, à part en n'en mettant pas du tout ? En allant fouiller sur leur site, on lit que les produits Organic basics sont faits d'un textile tissé de fins fils d'argent et possédant des propriétés antibactériennes et antimicrobiennes, Silvertech. Qui a même une idéologie, enfin on s'emballe, un slogan : «Portez plus, lavez moins», avec aussi dans le même ordre d'idée «cours plus, lave moins», «travaille plus, lave moins» parce que «c'est mieux pour toi et la terre». Porter plus souvent pour laver moins souvent, ce serait possible avec ces sous-vêtements «fabriqués à partir de nylon recyclé mécaniquement, développé en Italie à partir de fibres de déchets post-industriels, et tricotés sans couture».

Gore

Laisse traîner ton slip

Ces petites merveilles de tissu technologique promettent aussi «un vêtement confortable, respirant et durable et grâce au nylon, ils gardent leur forme», sont thermorégulateurs, antibactériens et sans odeur, donc. Grâce à une technologie «approuvée pour le contrôle des odeurs, fabriqué à partir de matériaux électroniques, industriels et photographiques recyclés». Le truc s'appelle Polygiene®, «utilise de faibles concentrations de sel d'argent connu pour ses propriétés antibactériennnes et ça élimine donc la croissance des bactéries responsables des odeurs sur le tissu», explique le site, qui souligne que moins d'odeur égale moins de lessive, moins de lessive égale plus de temps pour soi. Et un gros mieux pour l'environnement. «Quand nous avons commencé à créer des sous-vêtements, nous avons appris que deux tiers de l'impact environnemental de nos vêtements proviennent en réalité des lavages, expliquait Mads Rasmussen à Vogue. Nous avions entendu parler des propriétés anti-odeurs de l'argent, alors nous avons décidé de l'intégrer à notre gamme de pièces basiques en coton biologique certifiées GOTS (Global Organic Textile Standard) pour qu'elles restent fraîches plus longtemps».

Coton bio, conditions optimales de travail pour ceux qui produisent, transport par la route pour faire au plus local, emballage recyclé et réutilisable, c'était la base. La société a franchi un pas avec ce nouveau procédé, opération «culotte toujours propre» avec Silvertech 2.0. On a le droit de rester sceptique, d'y voir l'occase de vendre des slobs avec un argument de durabilité et de protection de l'environnement. Sans compter que, même en évitant le gore, quid des traces, matières et substances diverses (l'autrice de ces lignes est l'heureuse propriétaire de deux ados) inhérentes à l'existence même du sous-vêtement pour protéger ledit vêtement ? On peut aussi tenter le coup : soutien-gorge à 30 euros, slips pareil, les deux boxers 38 euros, on est à peu près dans les tarifs des sous-vêtements qui eux se salissent nettement.