Londres lance son propre marché CO2, potentiel numéro un mondial

05/07/2022 Par acomputer 737 Vues

Londres lance son propre marché CO2, potentiel numéro un mondial

Conséquence du Brexit, le Royaume-Uni vient de lancer son propre marché du CO2 la semaine dernière alors qu'il était auparavant intégré dans le marché européen.

S'il est pour l'instant presque dix fois plus petit que ce dernier, il pourrait rapidement devenir l'un des tout premiers au monde, et l'un des outils les plus surveillés dans la lutte contre le réchauffement climatique.

En témoigne un prix de lancement élevé autour de 50 livres la tonne de CO2, un tout petit peu au-dessus du prix européen. Par comparaison, la tonne de CO2 sur le marché californien, troisième marché mondial derrière celui de Corée du sud, se situe autour de 20 dollars.

Le prix plus élevé dans les échanges britanniques et européens montre que "le Royaume-Uni et l'Union européenne sont à l'avant-garde de l'action climatique", estime Adam Berman, de l'Association internationale des marchés d'échanges de CO2, l'IETA.

A mesure que les objectifs de réduction des émissions de CO2 se renforcent, le nombre de droits à polluer disponibles va diminuer et les prix devraient monter.

Vers une neutralité carbone en 2050

Londres vise la neutralité carbone pour 2050 et une réduction de 78% des émissions polluantes d'ici 2035 comparé aux niveaux de 1990.

Selon les experts, ces marchés d'échange du carbone sont l'une des pierres angulaires de la transition écologique. "C'est l'outil le plus important pour couper les émissions dans l'énergie et les industries lourdes" ou l'aviation, constate Tim Atkinson, directeur des ventes et du courtage chez CF Partners.

Il souligne notamment que si le charbon est quasi sorti du "mix" énergétique au Royaume-Uni, c'est largement grâce aux quotas de CO2 qui ont rendu trop chère la production d'électricité par ce biais.

Londres lance son propre marché CO2, potentiel numéro un mondial

D'autres outils, comme les subventions, ont par ailleurs largement alimenté l'essor de l'énergie éolienne dans le pays.

Pour les autorités britanniques, sortir du marché du carbone européen facilite la surveillance des entreprises et de l'activité, en comparaison avec les 27 Etats membres du vaste marché du CO2 européen, qui à ses débuts avait fait l'objet d'une fraude massive à la TVA.

Casse-tête pour les entreprises européennes

Le lancement d'un marché britannique séparé complique cependant la donne pour les entreprises qui ont un pied dans les deux zones. "Vous avez maintenant deux procédures séparées à gérer, c'est plus cher", remarque Mark Lewis, stratège de BNP Paribas.

En outre, le prix pour l'instant légèrement plus élevé de la tonne de CO2 sur le marché britannique comparé à l'européen tend à défavoriser les entreprises du Royaume-Uni.

D'autant qu'elles évoluent déjà dans un environnement désavantageux puisque la plupart des pays n'ont pas de marché du CO2, et donc pas de prix du carbone pour leurs entreprises, y compris les plus pollueurs comme les Etats-Unis, qui n'ont pas de marché fédéral, ou la Chine.

"Beaucoup d'industries européennes" comme la métallurgie "ont largement quitté l'Europe car elles ont dû supporter beaucoup du fardeau" des prix du CO2 comparé à leurs rivales.

Premier mais petit marché carbone en Chine

La Chine est toutefois en train de se doter d'un marché du CO2 certes limité aux centrales thermiques mais qui, vu la taille du plus gros pollueur au monde, est à même de changer la donne.

Louis Redshaw ne voit cependant pas pour demain la perspective d'un prix du carbone unique au niveau mondial.

Autre limite des marchés du carbone dans la transition énergétique: "ils ne couvrent pas 60% de l'économie" et ignorent par exemple l'agriculture, fait valoir Louis Redshaw.

Certains analystes affirment qu'il est difficile de mesurer la pollution des champs alors qu'on peut plus facilement quantifier les émissions d'une centrale thermique.

Mark Lewis objecte que certains secteurs sont trop politiquement sensibles, comme l'agriculture. M. Redshaw rappelle que si le réchauffement climatique n'est assez freiné, "nous aurons bien d'autres problèmes que payer un prix du CO2".

Véronique Dupont, de l'AFP

4 mn

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