Les maillots flottants de la marque niçoise Plouf dans le grand bain phygital
L’histoire de Plouf et de son dirigeant Alain Belkadi est un parfait exemple de sérendipité ; cette aptitude à faire par hasard une découverte inattendue et à en saisir l’utilité. Explications.Nous sommes en 1999: le Niçois dirige depuis une vingtaine d’années Greystone, une entreprise spécialisée dans le textile pour la grande distribution. Lors d’un déplacement professionnel à l’étranger, il tombe sur un lot de fibres synthétiques creuses – du polyéthylène à densité compensée – habituellement utilisées dans l’isolation thermique "mais une erreur de manipulation – on y avait injecté trop de microbulles d’air – l’avait rendu inutilisable, bon à jeter", se rappelle-t-il.
Pour les enfants en priorité
Si ce n’est qu’en lisant le rapport de tests menés en laboratoire, l’entrepreneur en perçoit immédiatement les propriétés exceptionnelles de flottaison. Il imagine alors de superposer plusieurs couches cousues entre elles comme un matelas qu’il intégrera à un maillot de bain. Sa cible: les enfants.Plus facile toutefois à imaginer qu’à faire... S’ensuivent alors deux années de R&D "et d’échecs pour comprendre comment faire flotter un corps humain". Et c'est ainsi que la FibreAir voit le jour.
Si positionner les matelas de fibre dans un maillot pour adulte est relativement aisé – "On peut faire flotter un éléphant", assure Alain Belkadi –, il en va autrement pour ceux destinés à ces chères petites têtes blondes.
A force d’essais en piscine, le produit est validé, normé et décliné en trois tailles de 17 à 24 kg. "Nous avons travaillé avec le CRITT, [laboratoire d’essais avalisant les aides à la flottabilité, ndlr], et nous avons eu la norme 01 car il n’existait pas de norme européenne pour ces produits."Et le dirigeant de préciser: "On fait flotter un poids et non pas un âge et la fibre est placée différemment dans chaque maillot." Les modèles destinés aux bambins plus jeunes (de 13kg à 15kg, soit environ 30 mois) suivront quelques années plus tard. Malgré les demandes répétées des clients, hors de question pour l’entrepreneur de proposer un maillot pour les bébés qui "ne disposent pas de la motricité nécessaire et doivent rester dans les bras de leurs parents". Plus que la flottaison, "la plus-value de notre concept est de permettre aux enfants de pouvoir s’allonger dans l’eau et d’apprendre à nager."L’innovation étant fin prête en 2000, Alain Belkadi la propose directement à ses clients historiques de la grande distribution avant de leur préférer en 2005 Decathlon. Un partenariat qui cessera dix ans plus tard en faveur d’Intersport lorsque l’enseigne sportive décidera de développer un maillot flottant sous sa propre marque.En parallèle, le président de Greystone élargit la gamme avec des maillots pour adultes, une serviette de plage flottante est conçue suivie d’une veste et d’un pantalon pour les voileux, des sacs à dos, des bobs anti-UV SPF 50… Au total, ce sont dix-sept catégories de produits, "tous répondants aux normes européennes", insiste-t-il.
Modèle phygital
Son business model est néanmoins mis à mal par la crise de la Covid. "Je suis de la vieille école", admet-il bien volontiers. Aussi fait-il appel à sa fille Sandy Niddam pour revoir son modèle de distribution et bâtir une solide stratégie digitale. "Commercialisation, communication, on a recommencé à zéro et c’est une nouvelle ère qui s’ouvre", confirme l’intéressée qui plonge dans l’univers de Plouf en pleine pandémie.L’axe de développement: le phygital avec le lancement d’un site marchand, une forte présence sur les réseaux sociaux afin de véhiculer les valeurs de la marque et du marketing d’influence: "Nous sommes en relation directe avec les clients que l’on conseille et avons noué des partenariats avec des micro et macro-influenceurs, comme Julia Paredes [connue pour sa participation à l’émission de téléréalité Mamans et célèbre, ndlr]", précise la jeune femme désormais secondée par deux collaborateurs.Sur sa feuille de route, figurent également le développement de la distribution en ligne comme l’accord signé en 2020 avec le spécialiste de jeux et jouets pour bébés et enfants Oxybul. Phygital oblige, la présence physique n’est pas oubliée avec un deal avec Center Parcs: "Nos produits sont présents dans leurs boutiques. "La marque s’exporte aussi "via des accords avec nos distributeurs. Nous sommes ainsi dans des aéroports en Thaïlande ou aux Émirats arabes unis, aux Antilles et en Israël qui s’occupe de toute la zone Moyen-Orient…"
Reste à Sandy Niddam de plonger dans les bassins des piscinistes ou des fédérations de natation, française comme étrangères. Une des nombreuses cibles de Plouf. "Le chantier est énorme", admet-elle. Le digital est "une nécessité à intégrer à notre activité qui nous permettra d’envisager aisément une progression de 200% de nos résultats d’ici 2024", reprend son père qui reste muet sur le chiffre d’affaires visé.
Plouf qui s’appuie sur les huit salariés de Greystone pour le back-office et la logistique – 1.000 m2 d’entrepôts à Carros – sort ces jours-ci une gamme de vêtements anti-UV SPF50 pour les bambins de 6 mois à 4 ans aux mêmes couleurs que les maillots de bain flottants de leurs aînés déjà dans le grand bain.> plouf.fr