Papillomavirus : symptômes du virus HPV, test de dépistage, vaccin
"Papillomavirus : symptômes du virus HPV, test de dépistage, vaccin"
Transmis pendant les rapports sexuels, le papillomavirus (HPV) peut entraîner différentes lésions plus ou moins graves, allant jusqu'au cancer du col de l'utérus. Comment se fait sa transmission ? Comment faire un test de dépistage ? Tout savoir avec le Pr Olivier Graesslin, Chef de Service de Gynécologie-Obstétrique au CHU de Reims.
Définition : qu'est-ce que le papillomavirus ?
Ce virus appartient à la grande famille des papillomavirus humains (HPV) qui compte environ 200 membres (génotypes). Ce sont des virus très contagieux qui touchent aussi bien les hommes que les femmes et qui sont présents sur toute la planète. "Certains de ces virus peuvent rester dans l'organisme sans provoquer de symptômes (infection latente) et sont souvent éliminés spontanément", observe le Pr Olivier Grasselin, Chef de Service de Gynécologie-Obstétrique au CHU de Reims. Plusieurs types d'HPV peuvent infecter la peau ou les muqueuses et coloniser certaines parties de la peau, de la bouche, des organes génitaux externes ou de la région anale.
Comment attrape-t-on un papillomavirus ?
Les papillomavirus présents dans la région génitale se transmettent quasi exclusivement par contacts sexuels (même quand un rapport est protégé par un préservatif). Ils sont la cause la plus fréquente d'IST, infection sexuellement transmissible.
• Papillomavirus chez la femme
"Au cours de leur vie, plus de 80% des femmes sexuellement actives vont être en contact avec un ou plusieurs HPV et, dans la majorité des cas, vont s'en débarrasser spontanément dans un délai de 2 ans à 3 ans (développement d'une immunité naturelle). La persistance de cette infection au-delà de plusieurs années peut être à l'origine de certaines pathologies (maladies)", poursuit le spécialiste. La transmission peut exceptionnellement s'effectuer par du linge ou vêtements infectés, beaucoup plus fréquemment lors du contact entre une muqueuse infectée et une muqueuse saine au cours d'un rapport sexuel vaginal, oral ou anal. Les facteurs de risque chez les femmes sont l'âge précoce des premiers rapports sexuels, des relations avec des partenaires multiples et la présence d'une autre infection sexuellement transmissible (IST).
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— ABN Radio UK Wed Jun 21 06:46:38 +0000 2017
Symptômes et localisation : bouche, gorge, langue ?
"La plupart du temps, l'infection par HPV au niveau des tissus n'occasionne aucun symptôme. Le virus est présent au sein des muqueuses sans provoquer de lésions. Dans certains cas, on peut observer un papillome (ou verrue) qui définit une lésion située sur la peau ou les muqueuses, tissus tapissant l'intérieur de certains organes", souligne le gynécologue. Il s'agit d'une petite tumeur bénigne, affleurant généralement à la surface de la peau, produite par une augmentation anormale de la taille des papilles, petites aspérités localisées sur la peau ou les muqueuses. "Cette lésion bénigne est très contagieuse et peut guérir spontanément ou grâce à l'aide de traitements appliqués directement sur la lésion (laser, cryothérapie, médicament). L'apparition de verrues au niveau des organes génitaux externes, chez l'homme ou la femme, doit amener à une consultation médicale. En cas de cancer du col, les symptômes les plus fréquents sont des pertes vaginales ou des saignements anormaux, en dehors des règles, souvent provoqués par les rapports sexuels", précise le spécialiste.
Maladies associées au papillomavirus
Les risques associés varient selon le papillomavirus (génotypes à bas risque et à haut risque). Certains n'entraînent aucun problème, d'autres provoquent des manifestations bénignes comme des verrues sur la peau ou des condylomes. D'autres virus peuvent provoquer des lésions précancéreuses, ou des cancers dont l'un des plus fréquent est le cancer du col de l'utérus. "Dans un grand nombre de cas, l'infection des cellules de l'organisme par l'HPV ne sera que transitoire. En effet, les défenses immunitaires des individus infectés peuvent permettre l'élimination spontanée du virus avant qu'il ait occasionné des lésions", explique le Pr Olivier Graesslin.
• Lésion précancéreuses et cancers
"Parmi les HPV à haut risque (HPV-HR), les virus HPV de type 16 et 18 sont les plus fréquents (responsables de 70 à 80% des cancers du col) et les plus à risques d'entraîner la formation de lésions précancéreuses (dysplasies) au niveau du col de l'utérus", note le spécialiste. Ces dysplasies sont de gravité variable et qualifiées de légères ou de sévères selon la proportion des cellules infectées qui se développent anormalement dans la muqueuse. Certaines de ces dysplasies peuvent disparaître spontanément et d'autres évoluer si elles ne sont pas traitées. Pour une petite partie d'entre elles, l'évolution vers un cancer du col de l'utérus au cours de plusieurs années est possible. "Ces lésions pré-cancéreuses (dysplasies) et cancéreuses peuvent également s'observer au niveau des autres organes tels que l'anus, le vagin, la vulve, les amygdales (au niveau de la gorge) ou le pénis, mais avec une fréquence moindre qu'au niveau du col de l'utérus", nuance le Pr Graesslin.
Quels examens pour le dépister ?
Le dépistage du virus HPV se fait par le frottis et le test HPV. "Le but du frottis est de repérer des cellules anormales au niveau du col de l'utérus, avant même qu'elles ne deviennent cancéreuses. Si l'existence d'une anomalie précancéreuse sur le col est confirmée au moyen d'une biopsie réalisée par le gynécologue, celle-ci est enlevée (conisation) ce qui permet de prévenir l'apparition d'un cancer. Le frottis de dépistage est donc un très bon moyen de lutter contre le cancer du col de l'utérus", note le spécialiste. Plus une anomalie est détectée tôt, mieux elle se soigne. Le frottis est un prélèvement simple et indolore qui ne prend que quelques minutes, et peut être réalisé par un gynécologue, le médecin traitant ou une sage-femme, voire par un médecin biologiste au laboratoire d'analyses médicales. À ce jour, le dépistage du cancer du col de l'utérus est proposé dans les conditions suivantes :
Papillomavirus : le vaccin
Deux vaccins peuvent être proposés contre plusieurs types de papillomavirus, dont les HPV 16 et 18 et être administrés aux jeunes filles entre 11 et 14 ans, qui n'ont pas encore démarré leur vie sexuelle. "Il peut aussi être prescrit, en rattrapage, aux femmes entre 15 et 19 ans. Ce vaccin est également recommandé chez les hommes de moins de 26 ans ayant des rapports sexuels avec des hommes", ajoute le gynécologue.
Cette vaccination ne protège pas contre tous les types d'HPV et sa durée d'action n'est pas encore exactement connue. Cependant, son efficacité a été démontrée par plusieurs études scientifiques. Il ne doit pas empêcher la réalisation de frottis pour le dépistage du cancer du col de l'utérus, ces 2 mesures étant complémentaires pour lutter contre ces pathologies. Les pays dans lesquels le taux de couverture vaccinale est important voient progressivement le taux de lésions précancéreuses et cancéreuses du col diminuer de façon très importante (exemple de l'Australie). L'utilisation plus large de ce vaccin en France pourrait permettre de réduire de façon importante le nombre de conisations (30 000/an) et de cancer du col de l'utérus (3 200/an).
A noter : La Haute Autorité de Santé a proposé d'élargir la vaccination à tous les garçons âgés de 11 à 14 ans dans un communiqué du 30 octobre 2019.
Traitements : comment soigner un papillomavirus ?
"Il n'y a pas de médicament qui soit actif pour traiter l'infection à HPV quand celle-ci est installée. Cependant, il faut rappeler que beaucoup de ces infections sont totalement asymptomatiques et transitoires, les défenses de l'hôte permettant d'éliminer le virus. Lorsque l'infection occasionne des lésions précancéreuses (au niveau du col de l'utérus ou de la vulve par exemple), celles-ci doivent être dépistées, diagnostiquées précisément et peuvent faire l'objet de traitements chirurgicaux ou par laser, voire de traitements topiques (application locale de produits actifs sur les lésions et le virus). Concernant le cancer du col de l'utérus, le traitement sera d'autant plus simple et les chances de guérison d'autant plus élevées que le diagnostic aura été fait précocement", explique le Pr Olivier Graesslin.
Merci au Pr Olivier Graesslin, Chef de Service de Gynécologie-Obstétrique au CHU de Reims.
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