L’œil de la styliste : pourquoi vous avez du mal à vous débarrasser de vos vêtements

13/11/2022 Par acomputer 540 Vues

L’œil de la styliste : pourquoi vous avez du mal à vous débarrasser de vos vêtements

Peut-être enviez-vous les personnes qui se délestent de leurs affaires sans état d’âme alors que vous avez tendance à empiler. Rassurez-vous, vous êtes « normale ». Garder des pièces que vous ne portez pas peut même réserver de bonnes surprises.

Par
Isabelle Thomas

J’ai visité des milliers de penderies, toutes uniques et différentes, avec des trésors chargés de souvenirs, des portants plus ou moins encombrés, des pièces encore étiquetées… Même si une garde-robe est régulièrement triée, j’y croise toujours des vêtements qui s’accrochent obstinément. « J’ai tendance à tout garder, m’a confié une de mes clientes devant un dressing si chargé qu’il était problématique de prendre un pull sans que plusieurs piles s’écroulent. J’ai encore des sacs remplis dans le grenier de mes parents et des cartons non ouverts de mon déménagement qui datent d’avant le premier confinement. Dans le tas, je sais que certains vêtements ne me vont plus mais on ne sait jamais. Et puis, ils m’évoquent tellement de souvenirs que je ne peux pas m’en séparer. Je sais que je serais plus légère si j’en bazardais la moitié. Mais je me sens tellement envahie que je renonce avant de commencer. Vous pensez que je suis dingue ? »

À lire aussi >>> L’œil de la styliste : avez-vous trop ou pas assez de vêtements ?

Trop conserver est exceptionnellement pathologique

Conserver trop de vêtements est juste le signe que nous leur faisons porter la trace d’émotions. On garde ces bouts de tissu comme témoins d’une époque révolue qui revient nous titiller dans le présent. Il y a de la nostalgie et du sentiment là-dedans. C’est le jean usé sur les bancs de la fac qui nous rappelle l’insouciance d’avant, c’est une déclaration d’amour qui revient à travers le chemisier porté un soir d’été, c’est un parent aimé qui revit grâce à une écharpe offerte, c’est le pantalon qui a porté chance lors d’entretiens d’embauche, les t-shirts d’homme qui rappellent cette jeune fille qui se cachait derrière des vêtements trop grands, le pantalon à carreaux qui invoque cette femme qui osait tout, le pull bouloché enfilé chez soi pour se réchauffer le cœur… Faire partir ces « vestiges » serait comme effacer des bouts d’existence, joyeux ou moins heureux, brûler des pièces à conviction qui nous mettraient à nu… Pas facile non plus de dire au revoir à ces vêtements témoins d’un corps que l’on n’a plus. Plus mince ou plus en chair. Les sortir définitivement de l’armoire serait comme renoncer à retrouver sa ligne d’autrefois. À moins de maîtriser ses variations de poids (et encore), la silhouette revient rarement tout à fait comme avant et les envies vestimentaires se déplacent au gré d’un corps qui évolue.

La culpabilité se cache au fond de sa penderie

« Moi qui pensais avoir trié régulièrement, j’ai été stupéfaite de réaliser que j’avais tellement de choses inutiles et envahissantes, m’a confié une jeune femme devant la pile de vêtements que je venais de mettre de côté. Je gardais en tentant de me persuader que je réussirais un jour à porter ces chaussures qui font mal aux pieds et ces vêtements achetés en soldes ou sur des coups de tête. Mais au fond de moi, je savais très bien que je ne les mettrais jamais. » On a du mal à vider sa penderie parce qu’elle réveille un sentiment de culpabilité. Celui de jeter de l’argent par les fenêtres avec des « futilités ». Alors on tente de se raisonner, de se convaincre que nos pieds vont perdre une taille, que l’on finira par aimer ce vert conseillé avec tant d’enthousiasme par une copine, que l’on assumera de porter un sac qui a coûté la moitié d’un mois de salaire… Sinon quel gâchis ! Reléguer ses erreurs d’achat dans un coin de son dressing n’ôte pas la culpabilité mais ne fait que la déplacer. Alors autant leur offrir une seconde vie en les proposant à une association ou à un dépôt-vente.

Un petit musée de souvenirs mais pas plus

L’œil de la styliste : pourquoi vous avez du mal à vous débarrasser de vos vêtements

Si la place manque dans votre penderie et que l’encombrement brouille votre garde-robe, apprenez à dire au revoir aux vêtements que vous ne portez pas. Autorisez-vous un tiroir « souvenirs » mais limitez le musée aux pièces amies les plus sensibles. Je vous invite à regarder votre garde-robe avec honnêteté, à évaluer les bons éléments et à mesurer votre capacité à mixer vos vêtements. Savez-vous assortir votre nouveau jean paper-bag à la blouse qui se cache au fond de votre penderie ? Associer votre « vieux » blazer à votre dernière robe bohème ? Identifiez ces « au cas où » que vous ne porterez jamais quoi que vous en pensiez. « Au cas où ce serait de nouveau la mode du slim taille basse, je ferais bien de garder les miens » etc. Même si la mode est un éternel recommencement, elle ne revient jamais à l’identique. Il y a souvent un petit je-ne-sais-quoi qui change : un volume différent, des proportions nouvelles, des détails en moins ou en plus… À moins de savoir manier les styles et les époques, un vêtement démodé le restera et avant de mériter le seuil de pièce vintage, il vous vieillira de dix ans.

Partez à la chasse aux trésors

Mais avant de vider votre penderie drastiquement, gardez à l’esprit que vous pourrez y trouver des surprises. Notamment avec les vêtements abandonnés depuis quelques années. Peut-être allez-vous pouvoir leur donner une nouvelle chance. Oubliez ceux qui ne vous mettent pas en valeur, ne vous ressemblent pas, sont de mauvaise qualité ou passés de mode. Mais regardez avec un œil neuf les pièces qui font pétiller vos yeux. Si vous les avez laissés de côté jusqu’ici, peut-être est-ce simplement une question de mode d’emploi. Testez des associations inédites. Mariez-les avec les vêtements et accessoires arrivés chez vous depuis que vous les avez laissés de côté. C’est étonnant de voir la façon dont on réussit à transformer le style d’un pantalon avec un haut différent. C’est réjouissant de pouvoir enfin porter une robe grâce à des chaussures qu’elle ne connaissait pas. Et c’est gratifiant de réaliser à quel point des trésors oubliés peuvent à leur tour « faire tourner » une penderie. Ceux-là, vous avez bien fait de les garder.

Isabelle Thomas est styliste personnelle depuis plus de dix ans et est experte en image de soi. Elle a créé la détox penderie© une méthode pour trouver son style et faire du shopping dans sa garde-robe. IG @modepersonnelle