Le Vitiligo : Comment traiter la maladie de dépigmentation cutanée ?
Le vitiligo est une maladie dermatologique qui provoque la dépigmentation de la peau. Elle supprime progressivement le pigment de plusieurs zones de la peau, les obligeant à devenir plus claires. Aucune zone n’est privilégiée ou épargnée par le ravage. Elle peut donc atteindre sans distinction le visage, les mains, les pieds, etc. Physiquement, c’est une maladie indolore. C’est une pathologie bénigne qui peut provoquer beaucoup de problèmes. Cependant, les personnes atteintes souffrent psychologiquement, notamment à cause du regard des autres et des stigmates. Les causes de ce mal sont encore floues et elle est restée longtemps sans remèdes. La bonne nouvelle, c’est que de nouveaux progrès ont été effectués dans les recherches au point où, différents traitements existent aujourd’hui pour venir à bout du vitiligo. Cet article vous dit tout sur cette pathologie de la peau.
de l'article
Qu’est-ce que c’est que le vitiligo ?
Pour commencer, sachez que le Vitiligo est une maladie de la peau qui n’est ni contagieuse ni infectieuse et sans douleur tout au moins sur le plan physique.
Définition
Le mot vitiligo vient du latin « vitium » qui signifie « vice, défaut ». Il s’agit d’une pathologie auto-immune. C’est-à-dire qu’elle résulte d’un dysfonctionnement du système immunitaire qui l’amène à s’attaquer aux composantes normales de l’organisme. Elle touche plus particulièrement les mélanocytes de la peau, responsables de la pigmentation. De fait, des taches blanches apparaissent sur le corps sans distinction de zone.
Encore appelé « Leucodermie » ou encore « achromie », le vitiligo touche environ 1 à 2 % de la population française soit environ 600 000 et 1,2 million de personnes. Il touche généralement les enfants et les adultes de moins de 30 ans. La maladie se manifeste généralement dans les zones des pieds, des mains, des organes génitaux, mais les autres parties ne sont pas à l’abri. Les taches blanches qui apparaissent sont considérées comme étranges et parfois disgracieuses auprès de l’opinion publique.
Présentation du vitiligo
L’achromie se manifeste par l’apparition des taches blanches sur différentes zones de la peau. Ces taches sont causées par la disparition des mélanocytes. En effet, les mélanocytes sont des cellules qui produisent de la mélanine. C’est cette mélanine qui donne à la peau une couleur plus ou moins foncée en fonction de sa quantité et de son degré d’oxydation. Cette mélanine joue également un rôle protecteur contre les effets du soleil sur la peau. La disparition des mélanocytes peut avoir plusieurs causes que nous détaillerons plus bas.
On a longtemps pensé à tort que le vitiligo est une maladie psychosomatique, psychologique ou qu’elle était due au stress. Néanmoins, elle a un sérieux impact sur la qualité de la vie sociale du patient à cause de la disgrâce qu’elle peut causer. Cet impact sur le plan psychologique a le même poids que celui d’un cancer ou d’une dépression.
Les différentes formes du vitiligo
Le vitiligo se présente sous différentes formes. On distingue au total quatre formes de Vitiligo.
C’est cette forme-là qui touche beaucoup plus les enfants et les adolescents. Les tâches sont bien délimitées et n’apparaissent que sur un côté du corps. Elles prennent quelques mois pour s’installer et n’évoluent pas. La zone de la peau concernée est une zone innervée au travers d’un nerf particulier.
Le vitiligo généralisé est la forme présentée par 90 % des personnes atteintes. Contrairement à la première, elle est évolutive. Elle commence par le visage, attaque les mains, les pieds et ainsi de suite. Les taches blanches apparaissent dans les zones de frottement, notamment les aisselles, la ceinture, etc. Elles apparaissent en grand nombre et de petites tailles.
Le plus souvent, l’apparition d’une nouvelle tache s’annonce par des démangeaisons. Cette forme peut aussi provoquer une décoloration au niveau des cheveux et des poils : on parle de leucotrichie.
C’est la forme la plus grave et la plus rare de la maladie. Elle se manifeste par une dépigmentation complète de la peau.
Sous cette forme, la maladie atteint seulement les parties du corps ayant une muqueuse. Elle touche les organes génitaux, les lèvres, etc.
Quelles sont les causes du Vitiligo ?
Il est difficile de désigner une origine précise pour le vitiligo. Les chercheurs ont émis des hypothèses pour donner plus d’éclaircissements à propos des causes de cette maladie. La majorité d’entre eux penchent pour sur la théorie selon laquelle, il s’agirait d’une maladie multifactorielle. Voici quelques facteurs susceptibles de causer le vitiligo.
L’auto-immunité
C’est l’hypothèse la plus plausible. Les chercheurs ont identifié une corrélation d’environ 15 % à 20 % des cas entre cette pathologie et les maladies auto-immunes. Il s’agit entre autres des problèmes de thyroïde, le diabète, la polyarthrite rhumatoïde, les MICI (maladies inflammatoires de l’intestin), etc.
Cela signifierait que l’organisme des personnes atteintes de vitiligo produit des anticorps anormaux. Ces derniers attaquent les cellules autochtones, plus précisément les mélanocytes. C’est après que celles-ci soient détruites que la peau devient blanche, faute de production de pigment.
L’origine génétique
Il n’est pas rare que plusieurs membres de la même famille souffrent du vitiligo. Les scientifiques ont identifié 15 gènes qui seraient impliqués. Toutefois, être porteur de l’un de ces gènes ne fait pas de vous un candidat parfait pour la maladie. Les interactions qui déclenchent la maladie sont encore floues.
Des études sont en cours pour détecter d’éventuelles anomalies lors de la formation de l’embryon. Les chercheurs recherchent des spécificités qui pourraient expliquer la fragilité des mélanocytes chez les personnes atteintes.
La théorie de l’implication des nerfs
Cette théorie est plus orientée vers le vitiligo segmentaire. Pour rappel, les taches blanches apparaissent sur le trajet d’un nerf. C’est de ce fait qu’est née l’hypothèse selon laquelle l’extrémité de certains nerfs produirait des enzymes toxiques pour les cellules comme les mélanocytes.
Les radicaux libres
Plusieurs études et analyses ont permis de remarquer que les mélanocytes des personnes atteintes accumulent anormalement des radicaux libres. Il s’agit des déchets de l’oxydation qui provoquent une confusion dans le fonctionnement cellulaire et ainsi la destruction de la cellule. Ces radicaux libres peuvent être produits lors d’un stress important. Ce qui en fait un facteur aggravant de la maladie.
Dans ce cas de figure, les médecins prescrivent des compléments alimentaires oxydants pour effectuer un traitement adjuvant.
Quels sont les facteurs de risque du vitiligo ?
Tout le monde ne présente pas le même degré d’exposition au vitiligo. Certaines personnes, à cause de certaines prédispositions, sont plus exposées que les autres.
C’est le cas des personnes qui souffrent d’une autre maladie auto-immune. On remarque que la majorité des personnes atteintes de Vitiligo souffrent déjà d’autres troubles auto-immuns comme l’anémie pernicieuse, le diabète de type 1, le lupus, etc. 30 % des malades du vitiligo présentent des problèmes auto-immuns de la glande thyroïde (hyperthyroïdie ou hypothyroïdie).
Les personnes qui ont des antécédents familiaux liés au vitiligo, sont aussi plus exposées que les autres. Ces cas représentent environ 30 %.
Outre ces deux possibilités, il existe bien d’autres facteurs qui pourraient provoquer ou aggraver la maladie. Il s’agit entre autres de :
Le phénomène de Koebner est un autre facteur de risque de cette maladie. Il s’agit de l’apparition progressive de nouvelles lésions causées par d’anciennes lésions comme les cicatrices, les récentes coupures ou les zones de frottement.
Quels sont les symptômes du Vitiligo ?
Les symptômes du vitiligo sont facilement reconnaissables. La peau d’une personne atteinte est blanchie par endroit : on parle d’achromie. Des taches blanches comme la craie apparaissent et évoluent progressivement d’une zone à une autre. Dans le cas d’un vitiligo segmentaire, les taches se limitent à une zone donnée. Avec un vitiligo muqueux, elles atteignent seulement les muqueuses de l’anatomie. Tandis que le vitiligo généralisé favorise une expansion vers les autres zones du corps.
Notons que le contour qui délimite les taches blanches est accentué par une bande de peau avec une couleur plus foncée que la normale. Leur taille peut aller de quelques millimètres jusqu’à plusieurs centimètres. Elles ne sont pas douloureuses, mais le patient peut ressentir des démangeaisons ou des brûlures sur les parties touchées.
En outre, il est possible de remarquer un blanchiment précoce des poils, des sourcils, de la barbe ou des cheveux.
Évolution possible de la maladie
Il est difficile, voire impossible, de prédire comment le vitiligo peut évoluer chez un patient. Il n’y a pas de règle connue pour prévoir l’évolution des taches, leur nombre, leur forme, etc. Généralement, elles évoluent progressivement d’une zone à une autre. Même si ces cas sont rares, il peut arriver que l’ensemble des taches disparaisse naturellement.
En réalité, le vitiligo n’est pas une maladie si grave en soi. Cependant, il présente un risque d’évolution plutôt sérieux. Puisque la peau n’est plus protégée contre les rayons ultraviolets du soleil, le patient est désormais exposé au risque de développer un cancer de la peau. Les personnes atteintes sont donc obligées d’utiliser une crème solaire ayant un fort indice de protection.
Comment traiter le vitiligo ?
Le Vitiligo est resté longtemps sans remède. Mais de récentes avancées dans les recherches ont permis de découvrir un grand nombre de remèdes pour venir à bout du vitiligo.
Traitement naturel contre le vitiligo
Les traitements naturels contre le vitiligo permettent aux patients d’atténuer la dépigmentation. Pour ce faire, ils peuvent utiliser l’aloe vera et l’huile d’onagre. Ces deux produits sont connus pour leurs effets réparateurs sur l’apparence de la peau. Ils permettent d’unifier le teint et d’uniformiser la pigmentation.
Par ailleurs, les médecins recommandent aux personnes atteintes d’utiliser l’écran solaire afin d’éviter les effets dévastateurs du soleil. L’application des cataplasmes de radis sur les zones concernées permet une régénérescence de la mélanine.
D’un autre côté, vous pouvez utiliser de la papaye. Elle est réputée pour ses effets d’activation des mélanocytes. Pour l’utiliser, vous pouvez en faire un cataplasme ou extraire son jus pour boire. Hormis ces traitements adjuvants, certaines solutions sont connues pour leurs effets curatifs si elles sont bien employées.
Elle est très adulée par les herboristes à cause du frein qu’elle représente pour le développement du vitiligo. Elle favorise la repigmentation lorsque le patient consomme environ 120 mg par jour et par voie orale.
Ici, il s’agit d’un mélange à préparer. Vous devez ajouter 5 cuillères à café de curcuma à 250 ml d’huile de moutarde. Appliquez le mélange sur les parties atteintes au moins deux fois par jour.
Les feuilles ont des vertus qui améliorent la production de la mélanine pour une reprise de l’activité de pigmentation pour la peau. Pour un résultat plus satisfaisant, ajoutez du jus de citron vert à quelques gouttes extraites des feuilles de basilic. Appliquez le mélange sur les taches blanches. Poursuivre le traitement jusqu’à 5 ou 6 mois.
Vous pouvez aussi utiliser des graines de radin pour faciliter la recrudescence de la mélanine. Pour ce faire, vous devez ajouter des graines de radin à quelques cuillerées de vinaigre. Mélangez le tout jusqu’à obtenir une pâte que vous appliquerez sur les zones touchées.
La plante Mama Cadela est très prisée en médecine traditionnelle pour soigner le vitiligo. Vous pouvez utiliser des extraits comme des racines bouillies pendant au moins 15 minutes. Il vous suffit de l’appliquer tous les jours sur les parties concernées pour un retour à la normale de la pigmentation.
Traitements locaux contre le vitiligo
Les principaux traitements locaux contre cette pathologie sont : les dermocorticoïdes et les immunomodulateurs.
Les plus utilisées sont les crèmes dermocorticoïdes. Ce traitement consiste en une prise en charge prématurée. Il s’applique seulement pour les taches blanches récentes. Son but est de réduire l’action du système immunitaire et donc endiguer la destruction des mélanocytes. Vous devez appliquer les corticoïdes une fois par jour pendant des mois. Lors de l’application, évitez le contour des yeux et des muqueuses.
Ce traitement peut avoir des effets secondaires comme l’amincissement et la fragilisation de la peau. Ils apparaissent après un usage prolongé de la crème. C’est pourquoi le traitement doit se faire sous la surveillance vigilante d’un dermatologue.
En ce qui concerne les immunomodulateurs, ils ne sont pas encore utilisés en France. Dans d’autres pays, les médecins utilisent la tacrolimus. Son action consiste à neutraliser les lymphocytes T qui sont responsables de la réponse immunitaire dans le cadre du Vitiligo. De même, il aide à la repigmentation des parties exposées au soleil comme le visage, les mains, le cou, etc.
Puvathérapie
Cette thérapie consiste à combiner de la prise orale ou locale de psoralène et l’exposition aux UVAs. La prise du psoralène permet de rendre la peau réceptive à l’action des UVAs pendant 2 ou 3 h. Cette thérapie s’applique souvent dans les cas de vitiligo généralisé lorsque les taches couvrent au moins 20 % de la surface corporelle. Le patient doit suivre ce traitement 2 ou 3 fois par semaine. Mais il devra attendre 2 à 3 mois avant de remarquer les effets.
C’est une thérapie fastidieuse, car elle nécessite jusqu’à 200 séances chez le dermatologue. Malgré son efficacité, seulement 20 % des personnes traitées recouvrent une repigmentation totale. Il peut arriver que les sujets ressentent des démangeaisons, des brûlures, et des manifestations du coup de soleil. Cette thérapie n’est pas indiquée pour les femmes enceintes, les femmes allaitantes et les enfants. Elle augmente le risque du cancer de la peau.
Le laser Excimer
Le laser Excimer fournit une lumière monochromatique à 308 nanomètres. Cette lumière est une source inégalée de rayons UVBs, qui permettent d’obtenir une bonne repigmentation. Le taux d’une totale guérison s’élève à 70 %.
Cette méthode est moins fastidieuse, car le nombre de séances est réduit. Le risque d’exposition au cancer de la peau chute considérablement. Ses effets secondaires sont très légers. Il s’agit souvent d’érythème inoffensif ou de légères démangeaisons.
Les UVBs
Cette thérapie est plus récente et plus prometteuse que la puvathérapie. Ici, les lampes à UVBs ont un spectre étroit et n’ont pas besoin de psoralène pour bien faire leur effet. Elle est tellement évoluée qu’on peut la proposer aux enfants présentant un vitiligo généralisé. Le taux de réussite de la repigmentation est très élevé. Cette thérapie est moins exigeante, mais il faut toujours 2 ou 3 séances par semaine chez le dermatologue.
La greffe mélanocytaire
Au-delà de tous les traitements connus, l’option chirurgicale reste envisageable. Ce type de traitement consiste en une greffe de mélanocytes valides du patient sur les zones atteintes. Cette greffe autologue réduit au néant le risque de rejet et épargne le patient de la prise des médicaments immunosuppresseurs. Dans certains cas, on greffe seulement les mélanocytes. Dans d’autres, on y ajoute des morceaux très minces d’épiderme pris dans les parties non touchées.
La greffe mélanocytaire concerne les cas de vitiligo segmentaires, peu étendus, qui n’impliquent pas le phénomène de Koebner. On y fait recours seulement lorsque le patient ne répond pas aux autres traitements. Ses résultats ne sont pas toujours impressionnants, car les nouvelles colorations qu’on obtient ne sont pas très homogènes. En France, cette intervention n’est pas prise en charge par l’Assurance maladie.
La totale dépigmentation
Cette solution concerne uniquement les cas de vitiligo universalis. Elle consiste à faire l’inverse de ce que tous les autres traitements font, à savoir : dépigmenter les zones encore saines. Ainsi le patient a une peau à couleur uniforme. C’est une solution assez radicale, qui n’est pas réversible et enlève toute possibilité de repigmentation future.
La procédure consiste à passer des produits irritants (à base d’hydroquinone) tous les jours pendant environ 1 an. Il est important pour le patient de connaître les effets secondaires auxquels il pourrait faire face. Il s’agit entre autres de brûlures, sécheresse, rougeurs, etc. Débarrassé de ses mélanocytes, il devra toujours mettre de la crème solaire pour se protéger contre les UVs du soleil.
Comment prévenir le Vitiligo ?
À ce jour, il n’existe pas de moyen de prévention contre le vitiligo. Néanmoins, les personnes déjà atteintes doivent se protéger du soleil en utilisant les crèmes solaires. Cela leur permettra d’éviter le cancer de la peau.
Peut-on vivre avec le vitiligo ?
Le vitiligo est une maladie quasiment indolore sur le plan physique. C’est sur le plan psychologique que le problème se pose. Les questionnements, les moqueries, le regard des autres sont autant de poids psychologiques pour le patient. Ce dernier a besoin de l’aide de son entourage pour s’en sortir. Il peut participer à des groupes de soutien pour mieux faire face à la maladie. Il pourra aussi prendre des compléments alimentaires à base de plantes pour tenter de garder une bonne humeur. Ces différents facteurs l’aideront à surmonter ses plus grosses angoisses…
Par ailleurs, la personne atteinte de vitiligo pourrait aussi penser au camouflage. L’usage de fonds de teint bien choisis et bien appropriés lui permettra de cacher aisément ses taches. Cette solution est plus facile pour les personnes atteintes de vitiligo segmentaire. Partout aujourd’hui, des dermatologues et des esthéticiens donnent des conseils sur les techniques pour camoufler parfaitement son achromie. Le plus important, c’est de bien choisir les produits appropriés pour éviter d’autres problèmes. Chez les enfants, il suffira de choisir des vêtements bien couvrants.