Woolmark Prize : Découvrez l'histoire du plus vieux concours de mode du monde

Woolmark Prize : Découvrez l'histoire du plus vieux concours de mode du monde

Au commencement était la laine

A l’inverse de nombreux prix qui ont pour but de promouvoir une marque, l’International Woolmark Prize se démarque par sa fonction : mettre en avant la laine mérinos. Quelques années après sa fondation en 1936, le Secrétariat International de la Laine (qui regroupe les fabricants de laine d’Australie, Nouvelle-Zélande et Afrique du Sud afin de faire rayonner leur produit dans l’hémisphère nord) organise en effet un concours destiné à dénicher les nouveaux talents du design. L’idée ? Concurrencer l’émergence des matières synthétiques en proposant des créations modernes et inédites, portées par la jeune garde de la mode.

Sans cesse réinventé, ce prix témoigne à lui seul de l’évolution de l’industrie de la mode mais se démarque également par un fonctionnement unique. Si l’on attend aujourd’hui de la plupart des créateurs qu’ils présentent un vêtement fini lors de n’importe quel concours, le Prix du Secrétariat International de la Laine (son nom à des débuts) mettait quant à lui en relation de jeunes designers et des couturiers aguerris, les premiers soumettant des croquis aux seconds qui les faisait alors exécuter par leurs ateliers. Un système de mentoring original et inédit qui donnera lieu à des partenariats uniques et qui sera à l’origine de certaines des rencontres les plus décisives de l’industrie.

Un temps absent des radars (en raison d’un passage à vide de l’industrie de la laine), le prix se réinvente une première fois dans les années 80, devenant à cette occasion le Woolmark Award. Dix ans plus tard, l’institution noue un premier partenariat avec le Royal College of Art de Londres, qui voit alors ses étudiants placés au sein des maisons les plus prestigieuses. Mais il faudra attendre 2012 pour qu’il ne prenne la forme qu’on lui connaît encore aujourd’hui et ne soit nommé International Woolmark Prize. Ouvert aux jeunes designers promouvant une mode écologique, le concours réunit chaque année sept finalistes encadrés par un panel d’experts afin de créer une collection qui leur permet alors de concourir pour remporter l’International Woolmark Prize ou le Karl Lagerfeld Award for Innovation. A la clé ? Une bourse mais aussi un encadrement professionnel et la possibilité de commercialiser ses créations dans quelques-unes des plus grandes enseignes du monde. Et preuve que le modèle s’adapte encore et toujours aux évolutions de la mode et de la société, l’édition 2021 a été majoritairement digitale (pandémie mondiale oblige) et la distinction entre collections masculine et féminine a disparu afin de laisser place à une créativité plus globale.

Des vainqueurs de renom

Parce qu’il est le plus vieux concours de l’industrie, l’International Woolmark Prize a vu se succéder les plus grands noms de la mode, que cela soit en position de candidat ou de jury. Ses gagnants les plus célèbres ? Valentino Garavani, qui remporte la première édition de la compétition au début des années 50. Alors étudiant, sa victoire lui ouvre les portes des ateliers de Jean Dessès chez qui il fera ses débuts. En 1953, Yves Saint Laurent âgé de 16 ans remporte le troisième prix. Il reviendra l’année suivante et s’illustrera dans la catégorie robes tandis que face à lui, un jeune Karl Lagerfeld raflera la même distinction dans la catégorie manteaux. Début du succès mais aussi et surtout de carrières prolifiques, ce jour de novembre 1954 trace la voie des deux designers. Le premier entrera dans la foulée chez Christian Dior (à qui il succèdera d’ailleurs en 1957, suite à son décès), tandis que le second est invité à se faire la main chez Balmain. Quelques années plus tard, Giorgio Armani fait parler de lui en devenant le premier (et à ce jour, le seul) designer à remporter deux fois le concours, en 1988 et 1992. Ralph Lauren, Donna Karan ou encore Romeo Gigli suivront au milieu des années 90. Plus récemment, ce sont l’australien Dion Lee, l’uruguayenne Gabriela Hearst, l’indien Rahul Mishra et l’irlandais Richard Malone qui se sont illustrés lors des dernières éditions.

Côté jury, la liste est tout aussi prestigieuse. De Donatella Versace à Victoria Beckham en passant par Hubert de Givenchy, Pierre Balmain, Jacques Fath ou encore Andre Leon Talley et Diane von Fürstenberg les plus grands noms du design et du style ont au fil des ans pris le temps d’évaluer les collections des jeunes compétiteurs.

Sept finalistes éclectiques pour 2022

La semaine dernière, l’institution a dévoilé le nom de ses sept finalistes pour l’édition 2022 : Ahluwalia, RUI, Jordan Dalah, Egonlab, PETER DO, MMUSOMAXWELL et Saul Nash. Venus des quatre coins du monde et à la popularité plus ou moins étendue, ils présenteront leurs collections le 15 avril prochain, juste avant la révélation du vainqueur.

Familière des compétitions, Priya Ahluwalia s’est déjà fait remarquer en remportant l’édition 2019 du H&M Design Award et en comptant parmi les finalistes du Prix LVMH en 2020. Promouvant une mode masculine moderne influencée par ses racines indo-nigériennes et sa jeunesse londonienne, elle s’est rapidement imposée comme l’une des relèves les plus prometteuses de l’industrie. Également populaire ces dernières saisons, le label Peter Do (emmené par le designer du même nom) s’illustre en proposant une mode minimaliste mais originale, ancrée dans le quotidien et dans la droite lignée de Celine époque Phoebe Philo (auprès de laquelle le designer a d’ailleurs fait ses débuts).

Danseur et chorégraphe, Saul Nash s’attache quant à lui à révolutionner la mode masculine en construisant des liens entre menswear de luxe et activewear. La clé ? Une liberté de mouvement inédite renforcée par un usage de matières inattendues. Reine de la maille, Rui Zhou, fondatrice de la marque Rui, explore depuis 2018 les différentes facettes du body et des combinaisons. Stretch, ajourées, avant-gardistes, ses pièces à l’esthétique unique lui ont valu de se faire remarquer par les plus grands.

Genderless, engagée et connectée au monde qui l’entoure, la marque Egonlab est pour sa part pensée pour habiller tous les corps d’une mode inspirée par les plus grands mouvements artistiques. Magistrales et dramatiques, les créations de Jordan Dalah mêlent quant à elles théâtralité et fonctionnalité, pour un style OTT et unique. Enfin, MMUSOMAXWELL porté par le duo formé par Maxwell Boko et Mmuso Potsane s’illustre par son prêt-à-porter féminin pointu et élégant. De quoi promettre de grands moments en avril prochain.