LES BOUTIQUES HISTORIQUES La Cité, le temple du textile à Nîmes
Sur près de 600 m2 « La Cité » est implantée à Nîmes depuis la fin du XIXe siècle. Le commerce est depuis très longtemps une institution gardoise du textile et du vêtement professionnel avec plus de 10 000 références.
Cela fait 133 ans que ‘La Cité’ trône à l’angle des rues Charles-Baudu et de la Curaterie. Dans son majestueux bâtiment, deux niveaux sont remplis de textiles divers et variés. Le rez-de-chaussée est consacré au prêt à porter féminin (depuis environ 25 ans) et masculin. Quant au premier étage, il est dédié aux vêtements professionnels. À ce niveau, cuisiniers, vigiles, infirmières et bien d’autres y trouvent les blouses, fanions, casquettes et chaussures indispensables à leur profession.
« Le vêtement professionnel représente 45% de nos ventes. Notre premier concurrent est internet, mais il n’y plus de concurrent dans le centre ville. Dans notre clientèle, nous avons des apprentis, des salariés, des professionnels, des artisans de haut-vol comme les compagnons du devoir et des entreprises » souligne Paul Gudicelli, le directeur du magasin, arrivé en 1978. Un des grands atouts est sa réputation dans la ville qui en fait une institution. C’est d’abord sous le nom de « À la Cité ouvrière » que ce commerce a été fondé en 1888 par monsieur Crémieux, un marchand de rubans.
L’enseigne compte alors un magasin à Nîmes et un autre à Alès et il est spécialisé dans le vêtement de travail. À cette époque, les vitrines n’existent pas et il faut exposer les vêtements dans la rue. Les modèles sont directement confectionnés par des couturières qui travaillent au second étage. Elles sont jusqu’à dix à s’activer avec les machines à coudre. « On savait utiliser la lumière naturelle à l’époque avec l’ouverture au centre du plafond, mais il y faisait très chaud en été. » explique celui qui dirige la Cité depuis bientôt 44 ans.
Dans l’entre deux guerres, le bâtiment s’embellit et s’agrandit en débordant sur l’hôtel restaurant mitoyen. Des verrières sont installées pour ressembler aux grands magasins parisiens de l’époque. Après la seconde guerre mondiale, le commerce devient ‘La Cité’. Aujourd’hui encore, le magasin a gardé son aspect ancien qui fait tout son charme. Si l’escalier en Y à disparu, celui qui l’a remplacé dans les années 1960 vaut quand même le détour. Puis il y a les deuxième et troisième étages qui regorgent d’objets anciens témoignant du passé.
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Un véritable musée sur les 133 ans d’existence de la Cité. Le parquet en damier, qui autrefois couvrait l’ensemble du sol des trois étages, est noir et blanc. Cela permettait de vérifier plus facilement la propreté du lieu. Sur les étagères, des vielles boîtes font face à des caisses enregistreuses d’un autre temps. Enfin les fameuses machines à coudre, qui fonctionnent encore, ont vu passer tant de nîmois et leurs vêtements. Forte de son passé, ‘La Cité’ se diversifie et l’équipe du magasin (trois personnes) organise régulièrement des manifestations comme des pièces de théâtre, des expositions et des dédicaces de livre. « le but est de faire de la communication mais j’ai trouvé, dans ces évènements, de la bienveillance et de l’apaisement dont on manque parfois chez les commerçants. »
La Cité jouit d’une belle renommée à Nîmes, c’est le fruit d’une gestion inchangée depuis plusieurs générations : « On est là depuis longtemps, pour servir nos clients. Notre politique commerciale n’a jamais changé, nous travaillons avec les meilleurs et les plus sérieux fabricants européens et notamment français ». Et Paul Gudicelli rajoute « Ce magasin est un survivant dans le secteur du textile. »
Le directeur est fier de son magasin et de ce qu’il représente pour les Nîmois. « Récemment une dame m’a dit « On se sent bien dans ce magasin »« . Le centenaire résiste face aux difficultés rencontrées par les commerçants du centre-ville : « On a traversé des grosses tempêtes ces dernières années et c’est pareil pour les autres commerçants. Je m’applique à faire le présent au mieux et le futur est très aléatoire et incertain. C’est un magasin que l’on aimerait immortel et qui restera dans les mémoires. » Espérons que ce beau bâtiment continuera encore longtemps de résister à toutes les tempêtes.
Norman Jardin.
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