Au Népal, cet homme récolte du miel hallucinogène à ses risques et périls

15/11/2022 Par acomputer 597 Vues

Au Népal, cet homme récolte du miel hallucinogène à ses risques et périls

À près de 100 mètres du sol, Mauli Dhan se balance au sommet d’une échelle en corde de bambou, scrutant le pan de granite qu’il doit rejoindre pour atteindre son objectif : un imposant et bourdonnant essaim d’abeilles himalayennes. Elles bâtissent une ruche en forme de croissant qui s'étend sur presque deux mètres sous un surplomb de roche. Par milliers, les insectes protègent des litres d'un fluide roux et gluant connu sous le nom de miel fou, qui, grâce à ses propriétés hallucinogènes, se vend sur les marchés noirs asiatiques entre 30 et 40 dollars le kilo, soit six fois le prix du miel népalais traditionnel.

Les abeilles himalayennes produisent plusieurs types de miels en fonction de la saison, de l’altitude et des fleurs qui produisent le nectar dont elles se nourriront. Les effets psychotropes du miel de printemps sont causés par des toxines contenues dans le pollen d’immenses rhododendrons, dont les fleurs roses, rouges et blanches éclosent chaque année entre mars et avril sur les coteaux orientés vers le nord, dans toute la vallée du Hongu. Le miel fou est utilisé par le peuple Kulung depuis des siècles pour calmer la toux et en tant qu’antiseptique, et la cire des abeilles s’est frayée un chemin jusqu’aux marchés de Katmandu où il est vendu pour mouler des statues en bronze de dieux et déesses hindous.

Au Népal, cet homme récolte du miel hallucinogène à ses risques et périls

Pour Mauli, la récolte de miel est le seul moyen de gagner l’argent nécessaire à l’achat des rares denrées qu’il ne peut se procurer lui-même comme le sel et l’huile de cuisson. Mais peu importe l'argent, Mauli songe à arrêter la récolte de miel. À 57 ans, il est trop vieux pour ce travail extrêmement risqué. Ses bras fatiguent quand l’échelle tangue. Les abeilles vibrent autour de lui, le piquent au visage, au cou, aux mains, sur ses pieds nus et à travers ses vêtements.

Il préfère chasser de telles pensées et se concentre sur son problème actuel. Il jette sa jambe sur la paroi rocheuse et s'avance sur une corniche à peine plus large qu'une brique. D’un geste, il écarte l’échelle de corde et s’avance le long de la paroi pour faire place à Asdhan Kulung, son assistant. Les deux hommes partagent maintenant le rebord étroit. En contrebas, Mauli peut apercevoir la rivière, grossie par la mousson, se déversant dans une vallée voisine.